5.
Et à qui s’adresse le Prophète? « Postérité d’Abraham son serviteur, fils de Jacob son élu1 ». Vous, enfants d’Abraham, vous, fils de Jacob, « Souvenez-vous des merveilles qu’il a opérées, de ses prodiges, de ses jugements ». Et de peur qu’on n’attribue ces paroles à la seule nation des Israélites selon la chair, et que par cette race d’Abraham on ne comprenne les enfants selon la chair, plutôt que les enfants de la promesse, auxquels saint Paul a dit en parlant aux Gentils: « Vous êtes la race d’Abraham, les héritiers selon la promesse2», voilà que le Prophète nous dit ensuite : « C’est le Seigneur qui est notre Dieu, ses jugements remplissent la terre3 ». Voici ce que dit Isaïe à cette Jérusalem libre qui est notre mère : « Celui qui t’a délivrée, c’est ton Dieu, qui sera nommé le Dieu de la terre4». Est-ce seulement le Dieu des Juifs? Loin de là5 : « C’est le Seigneur qui est notre Dieu, et ses jugements remplissent toute la terre ». Car l’Eglise est partout, et c’est l’Eglise qui prêche ses jugements. Pourquoi donc un autre psaume nous dit-il : « Il annonce sa parole à Jacob, sa justice et ses jugements à Israël ; mais il n’a pas traité ainsi les autres peuples, et ne leur a pas découvert ses jugements6 ? » Le Prophète a voulu nous dire par là qu’il n’y a qu’un seul peuple qui soit la postérité d’Abraham, et que ce peuple est formé de tous les autres, en sorte qu’il n’y a qu’un seul peuple appelé à l’adoption. En dehors de cette nation, Dieu n’a pas manifesté ses jugements ; car ils ne sont point compris de ceux qui ne croient point, quoiqu’ils soient annoncés ; ne pas croire, c’est ne pas comprendre.