DISCOURS SUR LE PSAUME CVI.
LES ÉTAPES DE L’ÂME CHRÉTIENNE.
Le titre du psaume Alleluia doit être toujours soit en notre bouche soit en notre coeur, et la confession qui en est le refrain doit avoir pour objet la divine miséricorde qui nous donne la vie durable des anges. Le peuple d’Israël ne doit point seul chanter ce cantique; il est le chant de tous ceux que Dieu a rachetés de la puissance de leurs ennemis, et qu’il a rassemblés de toutes les nations en les faisant passer par la mer Rouge du baptême, qui engloutit nos péchés. Quatre fois en effet nous y trouvons la recommandation de confesser la louange de Dieu , ce qui désigne les quatre étapes de l’âme se dirigeant vers le Seigneur, et dès lors les quatre épreuves. La première est celle de l’erreur et de la faim; l’homme ne sait où il doit aller, et il est affamé de vérité. La seconde est la difficulté de faire le bien, et Dieu nous en délivre en brisant les chaînes de nos passions. La troisième est celle de l’ennui ou du dégoût de la parole de Dieu. La quatrième est celle du gouvernement des âmes; épreuve des princes de l’Eglise, tandis que les autres Sont communes aux fidèles. — Ainsi, dans la première épreuve, les Hébreux, qui figuraient les chrétiens, furent affamés, errants dans le désert; ils invoquèrent le Seigneur qui les délivra, les mit sur le chemin droit. Mais sur ce chemin du bien l’âme éprouve la difficulté de le faire, car la connaissance du précepte multiplie le péché; qu’elle crie vers le Seigneur qui brisera ses fers. Vient alors le dégoût dont le Seigneur guérit son peuple en lui envoyant son Verbe, et ils publièrent ses oeuvres dans une sainte joie. La quatrième est un danger pour ceux qui sont dans la barque, trafiquant sur les grandes eaux, et pour ceux qui la conduisent. Tous doivent en appeler au Seigneur. Mais la tempête durera jusqu’à la fin des siècles. Combats au dehors, craintes an dedans, voilà le chrétien. Le Seigneur seul peut commander à l’orage; et dès lors ne mettons point notre confiance eu nous-mêmes. Le peuple Juif fut arrogant et Dieu lui retira la prophétie , le sacerdoce , etc. Ainsi en est-il des hérétiques se séparant de l’unité ; leurs princes sont frappés d’anathème, tandis que leurs questions insidieuses servent à manifester la vérité. Le vrai sage comprendra tout cela, mettra sa confiance dans le Seigneur et non dans ses propres mérites.