13.
Voyez ce qui fait parler le Prophète, pourquoi ce prélude, pourquoi cette énumération, et où s’accomplit tout ce qu’il a dit . « Qu’ils chantent le Seigneur dans l’assemblée du peuple, qu’ils le bénissent dans la chaire des vieillards1». Chanter le Seigneur, c’est publier ses louanges, comme publier ses louanges, c’est le chanter. Qu’il soit béni par les peuples, par les vieillards, iar ceux qui trafiquent, par ceux qui gouvernent le navire. Qu’a tait Dieu pour cette assemblée ? Qu’a-t-i1 établi? D’où l’a-t-il délivrée? Quel don lui a-t-il fait? De même qu’il a résisté aux superbes, il a donné la grâce aux humbles2; et ces superbes étaient tout d’abord le peuple juif, peuple arrogant, qui se glorifiait d’être de la race d’Abraham, et de ce que les oracles du Seigneur avaient été confiés à cette nation3 ; faveurs qui ne servaient point à la guérison, mais seulement à l’enflure de leurs coeurs, à les enorgueillir plutôt qu’à les grandir. Que fit donc le Seigneur, pour résister aux orgueilleux et donner la grâce aux humbles, en retranchant les branches naturelles à cause de leur orgueil, et en insérant l’olivier sauvage à cause de son humilité4 ? Que fit Dieu ? Ecoutez ces deux faits, et comment Dieu résiste aux superbes, et comment il favorise les humbles : « Il changea les fleuves en désert ». Les eaux couraient chez les Juifs, les paroles prophétiques y coulaient. Cherche maintenant un seul prophète chez les Juifs, et tu n’en trouveras point: « Car il a changé les fleuves en désert, et les courants d’eau en une terre altérée. Les fleuves sont changés en désert5 ». Qu’ils le disent: « Déjà il n’est plus de prophète, et Dieu ne nous connaît plus6. Il a changé les fleuves en désert, les courants d’eau en une terre altérée, un champ fertile en une saline7 ». Cherche parmi eux la foi au Christ, et tu ne la trouves point; un prophète, ils n’en ont plus; un prêtre, ils n’en ont plus ; un sacrifice, ils n’en ont plus ; un temple, et ils n’en ont plus. Pourquoi? « Parce que Dieu a changé les fleuves en désert, les courants d’eau en une terre sèche, et le champ fertile en saline ». D’où vient ce châtiment? Quel crime l’a mérité? « La malice des habitants de cette malheureuse terre ». C’est ainsi que Dieu résiste aux superbes. Ecoute comme il donne la grâce aux humbles : « Il a fait du désert un étang plein d’eau, et des sables du désert des fontaines jaillissantes. Là il a fait habiter ceux qui avaient faim8 ». Car c’est au Christ qu’il a été dit : « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech.9» Tu cherches un sacrifice chez les Juifs, tu n’en trouves pas même selon l’ordre d’Aaron, parce que Dieu a fait son désert à la place des fleuves. Tu le cherches selon l’ordre de Melchisédech, et tu ne le trouves point chez eux, tandis que l’Eglise l’offre solennellement dans l’univers entier. « Depuis l’Orient jusqu’au Couchant, le nom du Seigneur est béni10 ». Et le Seigneur dit à ceux dont il a changé les fleuves en un désert: « Ma volonté n’est plus en vous, dit le Seigneur, et je ne recevrai aucun sacrifice de vos mains, car de l’Orient jusqu’au couchant on offre un sacrifice en mon honneur11». Où l’on ne voyait jadis que d’immondes sacrifices, quand les nations n’étaient qu’un désert, quand elles étaient souillées, quand partout ce n’était qu’une terre déserte, là aujourd’hui coulent des fontaines, des fleuves; là sont des réservoirs, là sont les eaux courantes, « Dieu a donc résisté aux superbes, et accordé aux humbles ses faveurs. C’est là qu’il a fait habiter ceux qui avaient faim », parce que: « Les pauvres mangeront et seront rassasiés12 ».— « Et ils ont construit une ville pour y habiter » ; y habiter d’abord en espérance, car: « Celui qui m’écoute habitera dans l’espérance13 », est-il dit. « Et ils ont construit une ville pour y habiter; et ils ont semé leurs champs, planté leurs vignes, et récolté le fruit de leur froment14 »; fruit dont se réjouit cet ouvrier qui a dit : « Ce n’est point que je désire vos dons, mais je désire le fruit que vous en retirez15. Et Dieu les bénit et ils se multiplièrent, et leurs troupeaux ne diminuèrent point16». Voilà ce qui dure encore. « Le solide fondement de Dieu demeure ferme, car Dieu connaît ceux qui sont à lui17». On donne le nom de troupeau, de bercail, à ceux qui vivent simplement dans l’Eglise, mais qui sont utiles, qui sont peu savants, mais pleins de foi. Donc, et les hommes spirituels, et ceux qui étaient charnels encore, « Dieu les bénit et ils se multiplièrent, et leurs troupeaux ne diminuèrent point».