15.
Mais quel est le sens des paroles suivantes: « Que l’iniquité de ses pères revienne continuellement à la mémoire du Seigneur, et que le péché de sa mère ne soit point effacé1?» Faut-il comprendre que les péchés de ses pères doivent retomber sur sa tête? Ce qui n’arrive point à celui qui a été changé en Jésus-Christ, et qui commence à n’être plus le fils des pécheurs, en n’imitant plus leurs moeurs; car cette parole est très-véritable : « Je ferai retomber sur les fils les péchés des pères2»; et cette autre, par l’organe du Prophète: « L’âme du père m’appartient, l’âme du fils m’appartient, l’âme qui aura péché mourra3». Cela est dit de ceux qui se tournent vers Dieu, sans imiter les désordres de leurs pères ; c’est ce que le Prophète nous montre avec évidence, car il dit que les iniquités des pères ne nuisent pas à ceux qui accomplissent la justice, et ne leur ressemblent point4. Mais quand on lit : « Je ferai retomber les péchés des pères sur les fils », il faut ajouter « qui me haïssent5 » c’est-à-dire, comme leurs pères me haïssaient; de même qu’en imitant les hommes de bien, on obtient la rémission de ses propres péchés, de même, en imitant les méchants, on devient coupable, non-seulement de ses propres fautes, mais de celles qu’ont pu commettre ceux dont on suit les traces. Si donc Judas eût persévéré dans sa vocation, ni ses propres fautes, ni celles de ses pères n’eussent pu lui nuire en aucune sorte; mais comme il a renoncé à son adoption dans la famille de Dieu, et qu’il lui a préféré l’iniquité du vieil homme, alors l’iniquité de ses pères est revenue sous les yeux de Dieu, qui a dû la punir en lui-même, et le péché de sa mère n’a pas été effacé en lui.