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Qu’il dise alors, ce bon serviteur qui chante Alleluia, c’est-à-dire qui offre un sacrifice de louanges à ce même Dieu qui doit lui dire un jour : « Entre dans la joie de ton Seigneur » ; qu’il tressaille et qu’il chante : « J’ai cru, et c’est pourquoi j’ai parlé1» .C’est-à-dire, j’ai cru d’une manière parfaite. Refuser de prêcher ce que l’on croit, ce n’est point avoir une foi parfaite. Car une des obligations de la foi, c’est de croire aussi cette parole « Celui qui me confessera devant tes hommes, « moi aussi je le confesserai devant les anges de Dieu2». Ce fidèle serviteur n’est pas ainsi appelé, en effet, parce qu’il a reçu de son maître, mais parce qu’il a dépensé et gagné. De même dans notre psaume, il n’est pas dit : J’ai cru et j’ai parlé; mais le Prophète confesse qu’il a parlé parce qu’il a cru. Car il a cru en même temps que parler lui donnait une récompense à espérer, et que se taire lui laissait craindre un châtiment. « J’ai cru », dit-il, « et c’est pourquoi j’ai parlé pour moi , j’ai subi des humiliations à l’excès ». Il a passé par des tribulations nombreuses à cause de la parole qu’il gardait fidèlement, qu’il annonçait fidèlement; il a subi des humiliations excessives, et c’est là ce qu’ont redouté « ceux qui ont préféré la gloire des hommes à la gloire de Dieu ». Mais pourquoi cette expression : « Quant à moi ? » Il devrait dire tout simplement : j’ai cru , c’est pourquoi j’ai parlé, et j’ai subi des humiliations à l’excès. Pourquoi ajouter « quant à moi », sinon pour nous montrer que l’homme peut bien subir des humiliations de la part de ceux qui contredisent la vérité, mais que cette vérité qu’il croit et qu’il prêche n’en souffre aucune atteinte? De là vient que l’Apôtre disait en parlant de ses chaînes : « Mais la parole de Dieu n’est point enchaînée3 ». De même le Psalmiste, ou plutôt en sa personne les saints témoins de Dieu, c’est-à-dire les martyrs: « J’ai cru, et c’est pourquoi j’ai parlé, quant à moi », non point la vérité que j’ai embrassée, non point la parole que j’ai portée ; mais, « moi j’ai été humilié à l’excès ».