2.
Ecoute à ce sujet Saul, qui devint Paul ensuite : « Ce n’est point », nous dit-il, « à cause des oeuvres de justice que nous avons faites, mais en vertu de sa miséricorde que Dieu nous a sauvés par le bain de la régénération1 ». Et encore : « J’ai été d’abord un blasphémateur, un persécuteur, un véritable ennemi; mais Dieu m’a fait miséricorde, parce que j’ai fait tous ces maux par ignorance, n’ayant pas la foi2 » Et encore: « Je donne ce conseil comme ayant reçu du Seigneur la grâce de la foi3 », c’est-à-dire la grâce de vivre, puisque « le juste vit de la foi4 ». Avant de vivre par la grâce de Dieu, il était donc mort par sa propre injustice. Et, en effet, voici comme il avoue qu’il était mort: « Le commandement étant survenu, le péché a commencé à revivre; pour moi, je suis mort, et il s’est trouvé que le précepte qui aurait dû me donner la vie, m’a donné la mort5 ». Dieu donc lui a rendu le bien pour le mal, la vie pour la mort; Dieu l’a traité comme le Prophète le demande ici: « Rendez à votre serviteur; que je vive, et je garderai vos paroles ». Il a vécu, en effet, et a gardé la parole de Dieu, et dès lors s’est trouvé au rang de ceux à qui Dieu rend le bien pour le bien ; ce qui lui fait dire : « J’ai combattu un bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi; il me reste à recevoir la couronne de justice que le Seigneur, comme un juste juge, me donnera au grand jour6». En ce cas, Dieu est juste en rendant le bien pour le bien: lui qui, d’abord miséricordieux, a rendu le bien pour le mal. Toutefois, la justice qui rend le bien pour le bien n’est pas sans miséricorde, puisqu’il est écrit : « C’est lui qui vous couronne dans sa grâce et dans sa miséricorde7 ». Comment celui qui a dit : « J’ai combattu un bon combat », aurait-il pu vaincre sans le secours de Celui dont il dit: «Je rends grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par Notre-Seigneur Jésus-Christ8? » Lui qui a achevé sa course, comment eût-il pu courir, et fût-il arrivé sans l’assistance de celui dont il a dit : « Ce n’est donc point l’affaire de celui qui veut ou de celui qui court, mais l’affaire de Dieu qui fait miséricorde9? »Lui qui a conservé sa foi, comment l’eût-il conservée, si, comme il l’a dit lui-même, il n’eût reçu miséricorde afin de croire10?