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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
HUITIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

1.

Dans ce psaume qui est le plus long, je dois répondre à votre attente, et vous parler à partir de ce verset : « Je suis un locataire », ou, comme on trouve en d’autres manuscrits, « un étranger ici-bas, ne me dérobez pas vos e préceptes1 ». L’expression grecque paroikos, est traduite en effet tantôt par inquilinus, locataire, tantôt par incola, étranger, souvent même par advena, nouvel arrivant. Les locataires n’ayant point une demeure en propre, habitent les maisons des autres; les étrangers, les nouveaux-venus, sont évidemment gens de passage. Alors s’élève une grave question au sujet de l’âme. Car ce n’est point de notre corps que l’on peut dire qu’il est étranger, ou nouveau-venu, ou de passage sur la terre, puisqu’il tire de la terre son origine. Mais sur une question aussi difficile, je n’oserais rien décider. Car le Prophète a pu. se dire, ou locataire, ou étranger, ou nouveau-venu, sur cette terre, soit à cause de son âme, (Dieu me préserve de la regarder comme terrestre) soit dans le sens de l’homme tout entier, qui fut jadis habitant du paradis, où n’était déjà plus celui qui nous parlait de la sorte; soit même, ce qui nous parait hors de toute contestation, que tout homme ne puisse tenir ce langage, mais celui qui souscrit à la promesse d’une patrie éternelle dans les cieux. Ce qu’il y a de certain, c’est que la vie de l’homme sur la terre est une épreuve2, et qu’un lourd fardeau pèse sur les enfants d’Adam3. J’aime mieux entendre ces paroles en ce sens que nous sommes des locataires ou des étrangers ici-bas, parce que nous recherchons cette patrie céleste d’où nous avons reçu des gages, et où nous devons arriver pour ne plus en sortir. Car celui qui dans un autre psaume dit à Dieu : « Je ne suis à vos yeux qu’un locataire, qu’un étranger, comme tous mes ancêtres4 »; ne dit pas : ainsi que tous les hommes; mais en disant, comme tous mes ancêtres., il veut nous faire comprendre sans aucun doute les justes qui l’ont précédé par le temps, et qui dans ce pèlerinage ont gémi, ont poussé vers la céleste patrie de pieux soupirs. C’est d’eux qu’il est dit aux Hébreux : « Tous ces saints sont morts dans la foi, n’ayant point reçu les biens que Dieu leur avait promis, mais les voyant, et comme les saluant de loin, et confessant qu’ils sont étrangers, et voyageurs sur la terre. Car parler ainsi, c’est montrer que l’on cherche une patrie. Et s’ils s’étaient souvenus de celle d’où ils étaient sortis, ils avaient certainement le temps d’y retourner. Mais ils en désiraient une meilleure, qui est le ciel. Aussi Dieu ne rougit point d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité5 ». Et cette parole : « Tant que nous sommes dans un corps, nous sommes éloignés du Seigneur6 », peut aussi s’entendre des fidèles, et non de tous. « Car la foi n’est point l’apanage de tous7 ». Remarquons en effet ce que saint Paul joint à ces paroles. Après avoir dit: « Tant que nous sommes dans un corps, nous sommes éloignés du Seigneur: c’est par la foi, reprend-il, que nous marchons, et non par la claire vue8 » ; afin de nous montrer que ceux-là seulement qui vivent dans la foi sont ici-bas en exil. Quant aux infidèles que Dieu dans sa prescience n’a point prédestinés à devenir conformes à l’image de son Fils9, ils ne peuvent, dans la force de la vérité, se dire étrangers sur la terre, puisqu’ils sont dans le lieu où ils sont nés selon la chair; ils n’ont point de patrie ailleurs, et dès tors ils ne sont plus étrangers sur la terre, mais ils en sont les citoyens. De là vient que l’Ecriture a dit d’un homme: « Il a placé sa maison dans la mort, et sa u demeure dans les enfers avec les habitants de la terre10 ». Ceux-là encore sont des locataires, des étrangers non pour cette terre, mais pour le peuple de Dieu, dont ils sont séparés. De là cette parole de l’Apôtre aux fidèles qui commencent à prendre pour patrie la cité sainte qui n’est point de ce monde: « Vous n’êtes plus des étrangers ni des exilés, mais les concitoyens des saints, dans la maison de Dieu11 ». Ceux-là donc sont citoyens de la terre, qui sont étrangers au peuple de Dieu ; mais ceux qui sont citoyens du peuple de Dieu, sont étrangers à cette terre ; parce que tout ce peuple, pendant qu’il est dans un corps, est étranger au Seigneur. Qu’il s’écrie dès lors : « Je suis un étranger sur la terre, ne me dérobez point vos commandements ».


  1. Ps. CXVIII, 19. ↩

  2. Job, VII, 1. ↩

  3. Eccli. XL, 1. ↩

  4. Ps. XXXVIII, 13, ↩

  5. Hébr. XI, 13 -16. ↩

  6. II Cor. V, 6. ↩

  7. II Thess. III, 2. ↩

  8. II Cor. V, 6,7. ↩

  9. Rom. VIII, 29.  ↩

  10. Isa. XXVIII, 15.  ↩

  11. Ephés. II, 19. ↩

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