1.
Considérons, avec le secours de Dieu, et expliquons ces versets de notre psaume « Souvenez-vous de votre parole à votre serviteur, et qui m’a donné l’espérance. Cette espérance m’a consolé dans mon humilité, car votre parole m’a donné la vie1». Est-ce que l’oubli est aussi citez Dieu, comme chez les hommes ? Pourquoi donc le Prophète lui dit-il : « Souvenez-vous? » Il est vrai qu’en d’autres endroits de l’Ecriture on retrouve cette même expression : « Pourquoi m’avez-vous oublié2? » et: « Pourquoi oublier notre misère3? » et Dieu lui-même nous dit par son Prophète : « J’oublierai toutes ses iniquités4 » et beaucoup d’autres exemples semblables. Mais ces paroles ne doivent point s’entendre de Dieu comme on les entend des hommes. De itême en effet qu’on dit de Dieu qu’il se repent, quand contrairement à l’espérance des hommes, il change le cours des choses, sans néanmoins changer son dessein, puisque le dessein du Seigneur demeure éternellement5 ; ainsi on dit qu’il oublie, quand il semble différer son secours, ou l’effet de sa promesse, ou ne peut châtier les pécheurs comme ils le méritent, ou toute autre chose semblable; comme si ce que l’on espère, ou que l’on redoute, avait échappé à sa mémoire parce qu’on n’en voit pas l’accomplissement. C’est une manière morale de se mettre au niveau des hommes, quoique Dieu agisse de la sorte, avec une disposition fixe, sans aucun défaut de mémoire, sans obscurcissement d’intelligence, sans changement de volonté, Dès lors, dire au Seigneur: « Souvenez-vous », c’est montrer, c’est stimuler un désir dans celui qui réclame l’effet de la promesse, mais non rappeler au Seigneur ce qu’il aurait oublié. « Souvenez-vous», dit le Prophète, « de votre parole à votre serviteur » ; c’est-à-dire, accomplissez ce que vous avez promis à votre serviteur ; c’est-à-dire encore, cette parole qui contenait une promesse et qui m’a fait espérer.