2.
«C’est elle qui m’a consolé dans mon humilité1 » : elle, c’est-à-dire cette espérance qui a été donnée aux humbles, comme le dit l’Ecriture : « Dieu résiste aux superbes, et donne la grâce aux humbles2 ». De là cette maxime sortie de la bouche du Sauveur lui-même : « Quiconque s’élève sera abaissé; quiconque s’abaisse sera élevé3 ». Et par cet abaissement nous n’entendons pas cette humilité de quiconque avoue ses péchés et ne s’arroge point la justice ; mais celle d’un homme qui est tombé dans la tribulation ou dans quelque mépris dont Dieu a voulu châtier son orgueil, ou exercer sa patience et la mettre à l’épreuve Aussi le Psalmiste nous dit-il un peu plus loin: « Avant d’être humilié, j’ai commis-le péché ». Et encore au livre de la Sagesse : « Demeure en paix dans la douleur; et au temps de l’humiliation, garde la patience ; car l’or et l’argent s’épurent par la flamme, mais les hommes que Dieu accepte passent par le feu4 ». En disant que Dieu accepte ces hommes, il nous donne cette espérance qui console dans l’humilité. Et quand le Seigneur Jésus prédisait aux disciples que ces humiliations leur viendraient de la part des persécuteurs, il ne les abandonna point sans espérance, mais il leur donna celle-ci qui doit les consoler : « Vous posséderez vos âmes par votre patience5 ». Quant à votre corps que vos ennemis peuvent tuer,et en quelque sorte anéantir, un cheveu de votre tête ne périra point6 », nous dit-il. Telle est l’espérance donnée au corps du Christ, ou à l’Eglise, pour la consoler dans son humilité. C’est à propos de cette espérance que l’apôtre saint Paul nous dit : « Si nous ne voyons pas ce que nous espérons, nous l’attendons par la patience7». Mais cette espérance regarde les biens éternels. Or, il y a une autre espérance très-propre à nous consoler dans l’abaissement de la tribulation, et qui a été donnée aux saints dans la parole de Dieu qui leur promet la grâce, de peur qu’ils ne viennent à succomber. C’est de cette espérance que l’Apôtre nous dit: « Dieu est fidèle, et ne permettra point que vous soyez tentés au-dessus de vos forces ; mais il vous fera profiter de la tentation, afin que vous puissiez persévérer8 ». Telle est encore l’espérance que nous donnait la bouche du Sauveur: « Cette nuit Satan a demandé à vous cribler comme le froment, et j’ai prié pour toi, Pierre, afin que la foi ne t’abandonne point9». C’est encore cette espérance qu’il nous donne dans la prière qu’il nous a enseignée. et où il nous fait dire: « Ne nous induisez pas en tentation10 ». C’était en quelque-sorte promettre aux siens qui seraient en danger ce qu’il veut qu’ils lui demandent. C’est donc de cette espérance qu’il nous est mieux d’entendre cette parole du psaume : « C’est elle qui m’a consolé dans mon humilité, car votre parole m’a donné la vie11 ». D’autres avec plus de fidélité ont traduit, non point Verbum ou « parole », mais Eloquium ou langage. Il y a en effet dans le grec logion ou Eloquium, tandis que c’est logos qui signifie Verbum.