3.
Mais que signifie cette parole suivante: « J’ai surpassé en intelligence tous ceux qui m’instruisaient1? » Quel est cet homme plus intelligent que ceux qui l’instruisent? Quel est celui qui ose mettre son intelligence au-dessus de celle des Prophètes lesquels, non contents d’instruire par leur parole ceux qui vivaient de leur temps, enseignaient encore par leurs écrits et avec une si sainte autorité, ceux qui sont venus après eux? Salomon, sans doute, reçut de Dieu une sagesse qui le mit bien au-dessus de tous ses prédécesseurs2; mais il n’est pas croyable que ce soit lui que David son père veuille prophétiser ici; surtout qu’on ne saurait lui appliquer cette parole de notre psaume : « J’ai défendu à mes pieds toute voie perverse ». Si donc, comme il est plus probable, David nous parle ici du Christ, qu’il prophétiserait tantôt comme chef, ou Sauveur, tantôt au nom de son corps mystique ou de l’Eglise, et néanmoins ne composant qu’un seul et même tout, à cause du grand sacrement ainsi formulé : « Ils seront deux dans une seule chair3 »; je reconnais qu’en effet il a été plus intelligent que tous ceux qui l’instruisaient, quand, à douze ans, l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, alors qu’après trois jours ses parents le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; tandis que tous ceux qui l’entendaient étaient dans l’admiration à cause de sa sagesse et de ses réponses4. Or, ce n’est pas sans raison, puisque longtemps auparavant il avait dit par la bouche du Prophète : « J’ai surpassé en intelligence ceux qui m’instruisaient ». Il entend par là tous les hommes, et non Dieu le Père, dont le Fils a dit: « Je parle selon que mon Père m’a enseigné». Ce qu’il est difficile d’entendre du Verbé, à moins de comprendre comme on le pourra que, pour le Fils, être Instruit par le Père, c’est être engendré. Celui, en effet, pour qui être ne diffère point d’être enseigné, mais qui est instruit par là même qu’il est, reçoit assurément l’instruction de celui qui lui donne l’être. Si nous envisageons le Christ dans son humanité et sous la forme de l’esclave, il est plus facile de comprendre qu’il a reçu de son Père ce qu’il a dit : en le voyant en effet sous cette forme d’esclave, et jeune enfant, les hommes ont pu croire que d’autres plus âgés l’instruisaient; mais celui que le Père a enseigné a mieux compris que tous ceux qui l’instruisaient. « Parce que vos témoignages », dit-il, « sont l’objet de mes méditations ». Il était donc plus intelligent que tous ses maîtres, parce qu’il méditait les témoignages du Seigneur, et qu’il connaissait mieux ceux qui le concernaient que ceux à qui il disait: « Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité; pour moi, je ne reçois point témoignage d’aucun homme, mais je vous parle ainsi afin de vous sauver. Il était une lampe ardente et brillante, et pour un peu de temps vous avez voulu vous réjouir à sa lumière. Mais moi j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ». Tels étaient les témoignages qu’il méditait, quand il surpassait en intelligence tous ceux qui l’enseignaient.