3.
Mais de peur que nous n’en venions à croire que cette crainte a jeté dans son âme quelque haine contre la parole de Dieu, le Prophète qui avait déjà dit: « Vos paroles m’ont fait tressaillir », langage qu’il n’eût pu tenir, s’il eût eu de la haine, ajoute néanmoins : « J’ai eu l’injustice en horreur, en abomination; mais j’ai aimé votre loi1 ». Ainsi, cette crainte qu’il ressentait pour la parole de Dieu, loin de lui en inspirer la haine, la lui a fait au. contraire aimer plus parfaitement, car il n’y a point de différence entre la loi et les paroles de Dieu. A Dieu ne plaise que la crainte bannisse l’amour, quand cette crainte est chaste ! Un fils pieux a pour son père de la crainte et de l’amour; une chaste épouse craint son époux, de peur d’en être abandonnée; elle l’aime, afin de le posséder. Si donc l’on doit craindre et aimer ùn père qui est un homme, un époux qui est un homme, combien plutôt doit-on craindre et aimer notre Père qui est dans les cieux2; cet Epoux plus beau que les enfants des hommes, non d’une beauté corporelle, mais d’une beauté spirituelle ! Eh ! qui aime la loi de Dieu, sinon l’homme qui aime Dieu? Et pour un fils bien né, qu’a de fâcheux la loi d’un père? Est ce parce qu il châtie tous ceux qu’il aime, et qu’il frappe tout homme qu’il reçoit parmi ses enfants3? Mépriser ces décrets de Dieu, c’est renoncer à ses promesses. Il nous faut donc louer les jugements de Dieu même sous son fouet, si nous voulons jouir des récompenses qu’il promet.