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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXIX.

9.

«Avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique ». A vrai dire mes frères bien-aimés, vous ne pouvez comprendre la vérité de ce que vous chantez, si vous ne commencez à le pratiquer. Tant qu’on puisse le dire, de quelque manière qu’on l’expose, et avec quel choix d’expressions, cette parole n’entre point dans un coeur qui ne la pratique point. Commencez donc à pratiquer, puis écoutez ce que nous dirons. C’est alors que chaque parole du psaume fera couler des larmes, alors que vous le chanterez avec joie et que le coeur pratiquera ce que chante la voix. Hélas ! combien chantent de la voix quand le coeur est muet! Combien aussi de lèvres silencieuses quand le coeur pousse des cris d’amour ! Or, c’est au coeur de l’homme qu’est l’oreille de Dieu; de même que l’oreille de l’homme entend la voix du corps, l’oreille de Dieu entend la voix du coeur. Dieu en exauce beaucoup dont la bouche est fermée, et beaucoup d’autres avec leurs grands cris ne sont point exaucés. C’est donc par le coeur que nous devons prier et dire : « Mon âme a été longtemps étrangère avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique ». Que disons-nous autre chose à ces hérétiques, sinon, connaissez la paix, aimez la paix. Vous vous dites justes. Si vous l’étiez, vous gémiriez comme le bon grain mélangé à la paille. Comme il y a aussi de bons grains, de véritable froment dans l’Eglise catholique, ils tolèrent la paille jusqu’à ce que le van passe dans l’aire, et c’est parce qu’il y a de la paille, qu’ils s’écrient : « Hélas ! mon exil est bien prolongé, j’habite parmi les tabernacles de Cédar ». J’habite avec la paille, dit le Prophète; mais de même que d’un monceau de paille il sort beaucoup de fumée, il sort de Cédar d’épaisses ténèbres. « J’ai habité parmi les tabernacles de Cédar; mon âme a été longtemps étrangère». Tel est le cri du bon grain qui gémit parmi la paille. Ainsi disons-nous à ceux qui haïssent la paix, et nous leur répétons : « J’étais pacifique avec ceux qui haïssent la paix ». Qui donc hait la paix? Celui qui brise l’unité. Ils demeureraient dans l’unité, s’ils ne haïssaient point la paix. Mais c’est parce qu’ils étaient justes qu’ils ont fait schisme et afin de n’être point mêlés avec les injustes. Ou bien, c’est nous qui parlons ici par la bouche du Prophète, ou bien ce sont eux. Choisissez. L’Eglise catholique s’écrie qu’il ne faut point rompre l’unité, ni faire de schisme dans l’Eglise du Christ; que Dieu jugera plus tard les bons et les méchants; que s’il est impossible aujourd’hui de séparer les bons des méchants, il faut tolérer cela pour un temps ; que les méchants peuvent bien être mélangés avec nous dans l’aire, mais qu’ils n’y seront point dans les greniers célestes; que s’ils paraissent mauvais aujourd’hui, demain peut-être ils seront bons, et que ceux qui s’enorgueillissent aujourd’hui de leur bonté peuvent demain être méchants. Quiconque dès lors supporte un moment les méchants arrivera au repos éternel. Ainsi dit l’Eglise catholique. Que disent maintenant nos adversaires, qui ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment1: « Ne touchez à rien d’impur2 » ; et encore : « Quiconque touchera quelque chose d’impur sera impur lui-même3». Séparons-nous; point de mélange avec les méchants. Aimez la paix, disons-nous à notre tour, aimez l’unité. Ignorez-vous de combien de justes vous vous séparez, quand vous semblez ne vous en prendre qu’aux méchants? A cette réponse, les voilà qui s’emportent, qui bondissent de colère, qui cherchent à nous donner la mort. Souvent nous avons vu leurs violences, découvert leurs embûches. Dès lors que nous vivons au milieu de leurs piéges, et qu’ils s’irritent quand nous leur disons : Aimez la paix, nous revendiquons pour nous cette parole du Prophète: « Avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique, et quand je leur parlais, ils m’attaquaient sans motif ». Qu’est-ce à dire, mes frères, « ils m’attaquaient ? » Et c’est peu encore; le Prophète ajoute « sans sujet ». Dire à ces rebelles : Aimez la paix, aimez le Christ, est-ce donc leur dire : Aimez-nous et honorez-nous? Non, mais honorez le Christ; point d’honneur pour nous, mais tout honneur à Jésus-Christ. Qui sommes-nous en effet auprès de l’apôtre saint Paul? Et que disait-il néanmoins à ces petits que des méchants, que des maîtres perfides voulaient séparer de l’unité et jeter dans le schisme, que leur disait-il? « Est-ce que Paul a été crucifié pour vous, ou bien est-ce au nom de Paul que vous êtes baptisés4 ? » C’est aussi ce que nous leur disons: Aimez la paix, aimez Jésus-Christ. Car, aimer la paix, c’est aimer le Christ; et leur dire : Aimez la paix, c’est leur dire : Aimez le Christ. Pourquoi? C’est que l’Apôtre a dit du Christ qu’il est notre paix, lui qui de deux peuples n’en a fait qu’un seul5. Si donc le Christ est la paix parce qu’il a réuni deux peuples en un seul, pourquoi d’un seul peuple en faites-vous deux? Comment seriez-vous amis de la paix, vous qui d’un seul peuple faites deux peuples, quand Jésus-Christ de deux peuples n’en a fait qu’un seul ? Mais, tenir ce langage à ceux qui haïssent la paix, c’est être pacifique, et pourtant, quand nous leur parlons de la sorte, ces ennemis de la paix nous attaquent sans sujet.


  1. Tim. I, 7.  ↩

  2. Isa LII, 11.  ↩

  3. Lévit. XXII, 5. ↩

  4. I Cor. I, 13. ↩

  5. Ephés. II, 14. ↩

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