2.
Dès lors, que chantent ceux-ci? Que chantent ces membres du Christ? Car ils aiment, et c’est par amour qu’ils chantent, c’est l’amour qui chante en leurs transports. Parfois, la douleur les fait chanter, et parfois l’allégresse, quand ils chantent leurs espérances. Car nos tribulations ne sont que pour cette vie, et notre espérance est pour le siècle à venir; et si l’espérance du siècle futur ne nous soutenait dans les maux de cette vie, nous péririons sans ressource. Donc, mes frères, notre joie n’est point réelle encore, mais elle entre déjà en espérance; or, cette espérance est aussi certaine que si nous jouissions déjà de la réalité. Nous n’avons, en effet, rien à craindre quand c’est la vérité qui nous fait des promesses. Car la vérité ne peut ni se tromper, ni tromper les autres; il nous est bon de nous y attacher, puisqu’elle nous délivre si nous demeurons fermes dans sa parole. Nous croyons maintenant, nous verrons alors; avec la foi, notre espérance est en ce bas monde; avec la claire vue, nous aurons la réalité dans le siècle à venir. « Nous verrons Dieu face à face1». Et nous le verrons face à face quand nos coeurs seront purifiés. « Bienheureux ceux dont le coeur est pur, parce qu’ils verront Dieu2 ». Or, comment nos coeurs seront-ils purifiés, sinon par la foi, selon cette parole de saint Pierre dans les Actes des Apôtres : « C’est par la foi qu’il purifie leurs coeurs3 ». Et la foi purifie nos coeurs afin de les disposer à la claire vue. Car nous vivons dans la foi, et non dans la claire vue, comme dit l’Apôtre : « Tant que nous sommes dans un corps, nous sommes éloignés du Seigneur». Qu’est-ce à dire, « nous sommes éloignés?» « Car nous marchons dans la foi», ajoute le même Apôtre, et non dans la claire vue4 ». Donc, celui qui est dans l’exil, qui marche dans la foi, n’est point encore dans sa patrie, il est seulement dans la voie qui y conduit; tandis que l’homme qui n’a pas la foi n’est ni dans la patrie, ni dans la voie pour y arriver. Marchons, dès lors, comme si nous étions dans la voie, parce que le roi de cette patrie en est lui-même devenu la voie. Le roi de notre patrie est Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est là qu’est la vérité, ici-bas est la voie. Où allons-nous? A la vérité. Par où y aller? Par la foi. Où allons-nous? Au Christ. Par où y aller? Par le Christ qui, lui-même, nous a dit: « Je suis la voie, la vérité et la vie5 ». Or, auparavant, il avait dit à ceux qui croyaient en lui : « Si vous demeurez en ma parole, vous serez véritablement nies disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous délivrera6». Vous connaîtrez la vérité, nous dit le Sauveur, mais à la condition de demeurer dans ma parole. Dans quelle parole? « Dans la parole de foi que nous prêchons7 », a dit l’Apôtre. Tout d’abord donc, c’est la parole de la foi, et si nous y demeurons, nous connaîtrons la vérité, et la vérité nous délivrera. La vérité est immortelle, la vérité est immuable, la vérité, c’est le Verbe dont il est dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Et qui peut voir cela, sinon l’homme au coeur pur? Qu’est-ce qui purifie nos coeurs? « Et le Verbe s’est fait chair, et il a demeuré parmi nous8 ». Le Verbe donc, demeurant en soi, est la vérité vers laquelle nous nous dirigeons; mais ce Verbe de la foi que l’on prêche, et dans lequel Dieu nous ordonne de demeurer, afin de connaître la vérité, c’est le Verbe fait chair et qui a demeuré parmi nous. Tu crois d’abord au Christ né dans sa chair, et tu arriveras au Christ né de Dieu, et Dieu en Dieu.