3.
C’est donc avec transport que se chantent les psaumes que nous lisons; les membres du Christ chantent notre psaume dans leur allégresse. Mais qui peut se réjouir sinon dans l’espérance, comme nous l’avons dit? Que notre espérance soit donc ferme, et chantons avec joie. Car tous ceux qui chantent ne nous sont point étrangers, autrement ce psaume ne serait point le cri de notre âme. Ecoutez donc, comme si vous vous entendiez vous-mêmes ; écoutez comme si vous vous regardiez dans le miroir des Ecritures. Quand vous prenez le miroir des Ecritures, votre face en devient plus sereine; et quand la joie de l’espérance te montrera que tu ressembles à plusieurs membres du Christ qui ont chanté ce psaume, toi-même tu seras parmi ces membres, et tu le chanteras à ton tour. Pourquoi donc ceux qui chantent le font-ils avec joie? Parce qu’ils ont échappé au péril. Donc, l’espérance les fait chanter. Tant que nous sommes ici-bas, et comme étrangers, nous ne sommes pas délivrés. Sans doute, quelques membres de ce corps auquel nous appartenons nous ont précédés, et peuvent chanter en toute vérité. Les martyrs ont chanté ce cantique, ils sont délivrés et tressaillent avec le Christ, qui leur redonnera incorruptibles ces mêmes corps qu’ils ont eu dans la corruption, et dans lesquels ils ont tant souffert: ils seront pour eux des ornements de justice. Soit donc que les martyrs chantent ce cantique dans la réalité de leur bonheur, soit que nous le chantions par l’espérance, et que nous unissions nos transports à leurs couronnes, en soupirant après cette vie que nous n’avons pas et que nous ne pourrons avoir, si nous ne l’avons désirée ici-bas, chantons avec eux et disons : « Si le Seigneur n’eût pas été avec nous1 ». Voilà qu’ils ont jeté les yeux sur les quelques tribulations qu’ils ont endurées, et du lieu de bonheur et de sûreté où ils sont établis, ils regardent par où ils ont passé, et où ils sont arrivés; et comme il était difficile d’échapper à tant de maux sans la main du libérateur, ils redisent avec joie: « Si le Seigneur n’eût été avec nous ». Tel est le commencement de leur cantique; ils n’ont point dit encore d’où ils sont délivrés, tant est grande leur joie : « Si le Seigneur n’eût été avec nous ».
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Ps. CXXIII, 1. ↩