4.
Comment donc est cette ville? Le Prophète nous la décrit en un mot. « Des montagnes l’environnent ». Est-ce un grand avantage jour nous d’être dans une ville environnée de montagnes? Est-ce bien à être dans une ville environnée de montagnes que consistera notre félicité? Ne connaissons-nous point les montagnes, et sont-elles autre chose que des éminences de terre ? Il est donc d’autres montagnes aimables , montagnes élevées qui sont les prédicateurs de la vérité, comme les anges, les Apôtres, les Prophètes. Ceux-là environnent Jérusalem, ils sont à l’entour et lui servent de murailles. C’est de ces montagnes aimables et délicieuses que nous parle souvent l’Ecriture. Observez, quand vous la lisez ou l’entendez, combien on parle de ces montagnes; il m’est impossible d’en énumérer tous les endroits, et néanmoins je me plais à m’étendre sur un tel sujet, autant que Dieu m’en fait la grâce, et à vous citer les passages des Ecritures qui reviennent à ma mémoire. Ces montagnes sont éclairées par Dieu ; sur elles d’abord il épanche sa lumière, afin que de là elle passe aux vallées, ou même aux collines qui sont moins élevées que les montagnes. C’est par elles que nous sont venues les saintes Ecritures, prophéties, écrits des Apôtres, Evangiles. C’est de ces montagnes que nous chantons : « J’ai levé les yeux vers les montagnes d’où me viendra le secours », car c’est des saintes Ecritures que nous vient le secours en cette vie. Mais comme ces montagnes ne se protégent point elles-mêmes, et ne tirent point d’elles-mêmes le secours qu’elles nous donnent, ce n’est point en elles qu’il faut mettre nos espérances, de peur que nous ne soyons maudits pour avoir mis notre confiance dans un homme1. Après que le Prophète a dit : « J’ai levé les yeux vers les montagnes, d’où me viendra le secours », il ajoute: « Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre2 ». C’est encore de ces montagnes que le même Prophète a dit : « Que les montagnes reçoivent la paix pour le peuple, et les collines la justice3 ». Les montagnes, ce sont les grands, les collines ceux qui sont moindres. Ce sont les montagnes qui voient, les collines qui croient. Ceux qui voient ont reçu la paix et L’ont apportée à ceux qui croient. Ceux qui croient ont reçu la justice, car le juste vit de la foi4. Les anges voient, ils prêchent ce qu’ils voient, et nous croyons. Quand saint Jean disait: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu5 »; il voyait, et nous prêchait afin de nous amener à la foi. Et par les montagnes qui reçoivent la paix, les collines reçoivent la justice ; que dit en effet le Prophète à propos des montagnes ? Il ne dit point que d’elles-mêmes elles aient la paix, ou établissent la paix, ou qu’elles engendrent la paix, mais qu’elles reçoivent la paix. Or, c’est du Seigneur qu’elles reçoivent la paix. Lève donc en vue de la paix les yeux vers les montagnes, afin que le secours te vienne du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. Parlant ailleurs de ces montagnes, le Saint-Esprit a dit: « Des montagnes éternelles vous faites descendre sur nous une lumière admirable6 ». Il ne dit point que ces montagnes éclairent, mais que Dieu donne la lumière au moyen de ces montagnes éternelles. En prêchant l’Evangile par ces montagnes que vous avez rendues éternelles, c’est vous qui éclairez, et non point les montagnes. Telles sont les montagnes qui environnent Jérusalem.