12.
Déjà, nous le savons, « les montagnes de Sion » sont grandes en Sion. Qu’est-ce que Sion ? L’Eglise. Et quelles sont les montagnes dans l’Eglise? Les grands. Ceux qui sont les montagnes sont aussi désignés par la barbe, et par le bord du vêtement. Car la barbe n’a d’autre sens que la perfection. Il n’y a donc pour habiter ensemble que ceux qui ont la charité parfaite. Car ceux qui n’ont point la charité parfaite en Jésus-Christ, lors même qu’ils demeurent ensemble deviennent odieux, imposteurs, troublent les autres par leur turbulence, et cherchent à les critiquer; de même que dans un attelage, un cheval fougueux non-seulement ne tire point, mais par ses ruades brise tout l’attelage. Mais quiconque a reçu cette rosée d’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion, il est tranquille, calme, humble, tolérant, et la prière coule sur ses lèvres au lieu du murmure. Dans un endroit dc l’Ecriture on lit cette belle description des murmurateurs : « Le coeur u de l’insensé est comme la roue d’un chariot1 ». Pourquoi comparer au chariot le coeur de l’insensé? Il porte du foin et crie. Car la roue d’un char ne peut qu’elle ne crie. Ainsi en est-il de beaucoup de frères; ils demeurent ensemble, mais de corps seulement. Quels sont donc ceux qui habitent véritablement ensemble? Ceux dont il est dit : « Ils n’avaient tous qu’un même coeur et une même âme en Dieu : nul ne considérait comme à lui lien de ce qu’il possédait, mais tous leurs biens étaient en commun2». Les voilà donc désignés et caractérisés ceux qui sont figurés par la barbe, figurés par le bord du vêtement, et qui sont au nombre des montagnes de Sion. S’il y a parmi eux des murmurateurs, qu’ils se souviennent de cette parole du Seigneur : « L’un sera pris, l’autre laissé3 ».