12.
Dieu donc, dans sa toute-puissance, « a fait selon sa volonté toutes ses oeuvres dans le ciel et sur la terre » ; mais toi, dans ta maison, tu ne fais point ce que tu voudrais. Pour lui, u il a fait tout ce qu’il a voulu, dans « le ciel et sur la terre » ; toi, fais ce que tu voudras, même dans ton champ. Tu veux bien souvent, et tu ne saurais faire ta volonté dans ta maison. Une épouse te contredit, des enfants te contredisent, un domestique a souvent l’audace de te contredire, et tu ne fais point ce que tu voudrais. Mais, diras-tu, je fais ma volonté, et je sais châtier quiconque ose désobéir ou contredire. Tu ne fais pas même cela toutes les fois que tu le voudrais souvent tu veux châtier sans le pouvoir faire; tu menaces quelquefois, et tu es surpris par la mort avant d’avoir mis tes menaces à exécution. Et jusque dans toi-même, fais-tu ce que tu veux? Mets-tu un frein à tes passions? Admettons ce frein, empêche-t-il tes liassions de se soulever ? Tu voudrais, je le crois, ne ressentir aucun chatouillement de tes passions; et néanmoins : « La chair se soulève contre l’esprit, et l’esprit contre la chair, de manière que vous ne faites point ce que vous voulez1». Tu me fais donc pas en toi-même ce que tu voudrais: « Mais Dieu a fait tout ce qu’il a voulu dans le ciel et sur la terre». Puisse-t-il te donner la grâce de faire en toi-même ce que tu voudras! si lui-même ne te soutient, tu ne feras pas en toi-même ta volonté. Il ne faisait point en lui-même sa volonté non plus, celui qui disait: « La chair se soulève contre l’esprit, et l’esprit se soulève contre la chair, en sorte que vous ne faites point votre volonté » : et en gémissant sur lui-même, il ajoute: « Selon l’homme intérieur, je trouve du plaisir dans la loi de Dieu, muais je sens dans mes membres une autre loi qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me tient captif sous la loi du péché qui est dans mes membres2 » ; et comme, non-seulement dans sa maison, non-seulement dans son champ, mais pas même dans sa chair et dans son esprit, il n’accomplissait sa volonté, il poussait des cris vers Dieu qui « a fait tout ce qu’il a voulu dans le ciel et sur la terre » ; qui a dit : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera e du corps de cette mort3 ? » et à qui Dieu dans sa bonté, dans sa douceur, suggéra comme une réponse: « La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur4 ». Telle est, mes frères, la douceur qu’il faut aimer, la douceur qu’il faut louer. Comprenez que Dieu qui « a fait tout ce qu’il a voulu , dans le ciel et sur la terre », fera aussi en vous ce que vous voulez, et qu’avec son secours vous accomplirez votre volonté. Mais, tant que vous êtes impuissants, confessez votre faiblesse, et quand vous pourrez, criez vers lui; de la terre où vous êtes abattus, rendez-lui grâces; une fois debout, ne vous enorgueillissez point. C’est donc le Seigneur qui « a fait sa volonté dans le ciel, sur la terre, dans la mer et dans tous les abîmes ».