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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXIV.

20.

« Il a frappé plusieurs nations, il a tué des rois puissants ». Quels rois et quelles nations ? « Seon, roi des Amorrhéens1 ». Ecoutez ces noms pleins de mystères. Le Seigneur, est-il dit, tua Seon, roi des Amorrhéens. Il le tua sans aucun doute, et puisse-t-il le tuer dans le coeur de tous ses serviteurs, dans toutes les épreuves de l’Eglise ! Puisse sa main ne cesser de donner la mort à de tels rois et à de tels peuples ! car Seon signifie tentation des yeux, et ces Amorrhéens signifient les coeurs pleins d’amertume. Voyez maintenant si nous pouvons comprendre que les coeurs pleins d’amertume aient pour roi la tentation des yeux. La tentation des yeux n’est autre que le mensonge, qui a une couleur, mais nulle solidité. Mais comment s’étonner que les gens pleins d’amertume aient un roi, et pour roi le mensonge? Si tout d’abord il y avait dans l’Eglise du mensonge et de la dissimulation, il n’y aurait point de coeurs amers. Il y a de l’amertume parce qu’il y a de l’hypocrisie. La tentation des yeux vient tout d’abord, l’amertume ensuite; et c’est dans le démon qu’elle a marché tout d’abord. Car n’est-ce point déjà une tentation des yeux « qu’il se transforme en ange de lumière2 ? » Que la main du Seigneur tue l’un et les autres; l’un, afin qu’il ne séduise plus; les autres, afin qu’ils se corrigent. Car ce roi est mis à mort chez tout homme qui condamne l’hypocrisie, et qui aime la vérité. La main de Dieu ne cesse de faire ces sortes de meurtres. Il le fit à la lettre contre ce prince; il le fait d’une manière spirituelle et accomplit ce qu’il ne montrait alors qu’en figure. Il mit aussi à mort un autre roi et un autre peuple: « Et Og, roi de Basan ». Quelle impiété chez celui-ci ! Og désigne la fermeture, et Basan la confusion. Un roi qui ferme le chemin vers Dieu est un roi méchant. Voilà ce que fait le diable, qui nous oppose toujours ses inventions, ses idoles, qui se pose lui-même comme nécessaire, au moyen de ses magiciens sacrilèges, de ses augures, de ses aruspices, de ses devins, de son culte démoniaque, et ferme le chemin qui conduit à Dieu. De même que le Christ nous ouvre la voie qui avait été fermée, selon cette parole d’un de ceux qu’il a rachetés : « Grâce à mon Dieu, je traverserai la muraille3 » ; de même le diable ne cherche qu’à fermer la voie, pour nous empêcher de croire en Dieu. C’est en effet la croyance en Dieu qui nous ouvre le chemin4. Mais si la voie nous est fermée par l’incrédulité, que reste-t-il aux incrédules, sinon la confusion, quand viendra celui qu’a repoussé leur incrédulité ? Pourquoi? Parce que la fermeture vient d’abord, et ensuite la confusion. La fermeture marche en avant comme roi, la confusion vient ensuite comme peuple. Ceux que le démon enferme afin qu’ils ne croient point au Christ, seront confondus quand le Christ apparaîtra, et leurs iniquités s’élèveront contre eux-mêmes. Alors les impies diront dans leur confusion: De quoi nous a servi notre orgueil5? Voilà, mes frères, de grands mystères. La dispersion est le roi de l’affliction, et les peuples ne sont désunis que pour être affligés. Oui, voilà de grands mystères. La tentation des yeux, ou la fausseté, est le roi des coeurs amers; ils trompent afin de répandre leur amertume. La fermeture est le roi de la confusion; car on ferme d’abord tout chemin à la foi, et il ne reste que la confusion pour le moment où viendra celui en qui l’on n’a point voulu croire. Dieu tua aussi tous les « royaumes de Chanaan ». Ce nom de Chanaan signifie prêt à l’humiliation. Or, l’humiliation désignerait un certain bien, pourvu qu’elle fût utile; mais quand elle est dure pour l’homme humilié, elle devient une peine. S’il n’y avait une peine dans l’humiliation, l’Evangile ne dirait point : « Quiconque s’élève sera humilié6». Un châtiment qui doit mous humilier n’est donc pas un bienfait. Chanaan dès lors est ici un orgueilleux. Tout impie, tout infidèle élève son coeur; il refuse de croire en Dieu. Mais cet orgueil est destiné à l’humiliation pour le jour du jugement : c’est alors qu’il sera humilié contre son gré. Car il y a des vases de colère, qui ne sont faits que pour la perdition7. ici-bas qu’ils s’élèvent, qu’ils raillent, qu’ils prennent le pas sur les fidèles, décochent sur eux leurs sarcasmes , et leurs blasphèmes sur les chrétiens. Qu’ils traitent de fable ce que nous disons du jugement; cet échafaudage d’orgueil est destiné à l’humiliation. Quand viendra ce juge dont l’annonce provoque leur dérision, alors sera humilié non pour son salut, mais pour son supplice, celui qui s’élève maintenant avec orgueil. Maintenant il n’est pas humilié; mais il est destiné à l’humiliation, c’est-à-dire destiné à la damnation, destiné à l’expiation.


  1. Ps. CXXXIV, 10, 11.  ↩

  2. I Cor. XI, 14.  ↩

  3. Ps. XVII, 30. ↩

  4. Jean, XIV, 6.  ↩

  5. Sag. V, 8.  ↩

  6. Luc, XIV, 11; XVIII, 14.  ↩

  7. Rom. IX, 22. ↩

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