8.
Si cette expression du Prophète : « Dieu fit les cieux par son intelligence », peut avoir un sens qui nous regarde plus spécialement, comme si les cieux étaient les saints de Dieu, parvenus à cette spiritualité qui n’est plus seulement la foi aux choses divines, mais l’intelligence même; ceux qui ne peuvent s’élever jusque-là, et qui s’en tiennent lune foi très-ferme, auraient pour symbole cette terre qui est inférieure aux cieux. Et comme ils demeurent inébranlables dans cette foi qu’ils ont reçue au baptême, il est dit : « Il a affermi la terre sur les eaux». De même il est écrit qu’en Jésus-Christ Notre-Seigneur sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science1. Or, qu’il y ait une différence entre la sagesse et la science, nous en avons d’autres preuves dans les saintes Ecritures, et surtout dans les saintes paroles de Job, qui nous définit en quelque sorte l’une et l’autre: voici en effet ces paroles : « Il dit à l’homme : La sagesse consiste dans la piété, et la science à s’abstenir du mal2 ». Nous sommes autorisés, dès lors, à faire consister la sagesse dans la connaissance et dans l’amour de celui qui subsiste toujours, qui est toujours immuable, c’est-à-dire Dieu, Cette piété, en effet, en laquelle consiste la sagesse, se nomme en grec Theosebeia, que l’on pourrait traduire en latin par culte de Dieu. Et cette science qui consiste à s’abstenir du mal3, qu’est-ce autre chose que vivre avec précaution et prudence, au milieu d’une nation dépravée et corrompue, et comme dans les ténèbres de ce monde, afin que tout fidèle, s’abstenant de l’iniquité, ne soit point confondu dans les ténèbres, mais qu’il s’en éloigne par sa propre lumière ? Saint Paul, afin de faire ressortir quelque part l’harmonie qui se trouve entre les différents dons que Dieu fait aux hommes, met ceux-ci en avant: « L’un reçoit de l’Esprit-Saint le discours de la sagesse »; c’est là, je crois, « Le soleil pour présider au jour :
« l’autre, du même Esprit, le discours de la science», ce qui marque la lune. Les étoiles aussi pourraient être désignées dans ces paroles: « Un autre reçoit le don de foi, par le même Esprit, un autre reçoit le don de guérir les malades, un autre le don des miracles, un autre le don de prophétie, un autre le don de parler diverses langues, un autre le don de les interpréter, un autre le discernement des esprits4 ». Il n’y a en effet aucun de ces dons qui ne soit nécessaire, dans cette nuit du monde; une fois qu’elle sera écoulée, ils ne seront d’aucune utilité ; de là vient l’expression « pour éclairer la nuit ». Le texte porte in potestatem, et dit « au pouvoir de la nuit », ou « du jour », c’est-à-dire la puissance d’éclairer le jour ou la nuit ; ce qui convient parfaitement aux dons spirituels, puisque Dieu a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu5. « Il a frappé l’Egypte avec ses premiers-nés»; il a frappé le monde avec tout ce qui paraît éclatant dans le monde.