4.
« Je vous adorerai dans votre saint temple1 ». Quel est ce saint temple ? Celui où nous devons habiter, où flous devons adorer. Car nous courons pour adorer Dieu. Notre coeur gonflé veut enfanter, et cherche où il pourra le faire. Or, quel est ce lieu où il faut adorer Dieu? Quel est ce monde? Quel est cet édifice ? Quel est son trône dans le ciel, au milieu des étoiles? Nous le cherchons dans les saintes Ecritures et nous le trouvons dans la Sagesse: « Pour moi», dit-elle, « j’étais avec lui, et chaque jour je faisais ses délices ». Puis elle chante les oeuvres de Dieu et nous indique son trône. Quel est-il? « Quand Dieu », dit-elle, « affermissait les nuées en haut, quand il établissait son trône au-dessus des vents2 ». Mais son trône est aussi son temple. Où donc irons-nous? Est-ce pardessus les vents qu’il nous faudra l’adorer? S’il faut l’adorer par-dessus les vents, les oiseaux l’emportent sur nous. Mais si nous appelons âmes les mêmes vents, c’est-à-dire, si les vents sont une figure symbolique des âmes, selon cette expression d’un autre psaume : « Il a volé sur les ailes des vents3 »c’est-à-dire sur les vertus des âmes, ce qui fait qu’un souffle de Dieu prend le nom de vent ou d’âme ; non point qu’il nous faille entendre par là ce vent qui pousse notre corps et qui est sensible, mais quelque chose d’invisible qui échappe à la perspicacité de nos yeux, à la sensibilité de nos oreilles, au discernement de l’odorat, à la perception du goût, au toucher des mains : mais une certaine vie, qui nous anime et que l’on appelle âme; si, dis-je, nous entendons ainsi les vents, il n’est pas nécessaire de chercher des ailes visibles, pour voler avec les oiseaux et adorer Dieu dans son temple; mais nous trouverons que Dieu est assis au-dessus de nous-mêmes, si nous voulons lui être fidèles. Voyez si tel n’est point le sens de ces paroles de l’Apôtre : « Le temple de Dieu est saint et vous êtes ce temple4 ». Il est certain néanmoins, il est évitent que Dieu habite dans les anges. Donc lorsque dans la joie qui nous vient des biens spirituels, et non des biens terrestres, nous chantons des hymnes à Dieu en présence des anges, cette congrégation des anges devient le temple de Dieu, et nous adorons le Seigneur dans son temple. Quant à l’Eglise de Dieu, elle est sur la terre et dans le ciel ; l’Eglise de la terre se compose de tous les fidèles, l’Eglise du ciel de tous les anges. Mais le Seigneur des anges est descendu vers l’Eglise d’ici-bas, et ses anges le servaient, lui qui était venu pour nous servir5. «Car», nous dit-il, «ce n’est point pour être servi, mais pour servir, que je suis venu6 ». Que nous a-t-il servi, sinon ce qui fait aujourd’hui notre nourriture et notre breuvage? Si donc le Maître des anges a bien voulu nous servir, ne désespérons pas d’être un jour les égaux des anges. Celui qui est plus grand que les anges s’est donc abaissé jusqu’à l’homme, le Créateur des anges s’est revêtu de l’homme, le Maître des anges est mort pour l’homme. « Je vous adorerai dans votre saint temple » : c’est-à-dire, dans ce temple qui n’est pas fait de la main des hommes7, mais que vous avez fait.