9.
« Vous êtes ma miséricorde, mon refuge, mon soutien, mon libérateur ». Voilà un athlète fort à la peine, parce que sachair conspire contre l’esprit. Tiens ferme néanmoins, tes vœux seront comblés quand la mort sera absorbée dans une entière victoire, quand ce corps mortel sera ressuscité et doué de la vie des anges et de qualités célestes. « Ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers, ensuite nous qui vivons, qui sommes demeurés jusqu’alors, nous serons enlevés avec eux dans les airs au-devant du Christ, et ainsi nous serons éternellement avec le Seigneur1». C’est là que la mort sera absorbée dans sa victoire. C’est là que l’on dira: «O mort, où est ton combat; ô mort, où est ton aiguillon2? » Il n’y aura en effet de rébellion contre Dieu, ni dans notre corps, ni dans notre âme. La victoire sera complète, la paix complète. Telle est cette paix dont on nous dit ici-bas, au milieu de nos combats: « Venez, mes enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte de Dieu3 ». Vous êtes dans le combat, engagés au fort de la mêlée, et néanmoins vous désirez un certain repos. « Quel est l’homme qui aime la vie, qui souhaite de voir des jours heureux4 ? » Qui ne répondra aussitôt: C’est moi? La vie, les jours heureux sont dans ces lieux où la chair ne conspire plus contre l’esprit, et où l’on ne dit plus : Combattez, mais: Réjouissez-vous. Or, quel est l’homme qui désire ces jours? Tout homme dira certainement: C’est moi. Ecoute ce qui suit: Je vois que tues dans la peine, dans le combat, dans les périls, écoute ce que le psaume ajoute pour dresser tes mains au combat, tes doigts à la guerre: « Détourne ta langue du mal, et que tes lèvres n’usent point de fourberie; détourne-toi du mal et fais le bien5». Comment pourrais-tu faire le bien, sans te détourner du mal? Comment t’engager à vêtir l’homme nu, si tu es encore spoliateur? Comment t’engager à donner, si tu es ravisseur? « Détourne-toi donc du mal, d’abord, et fais le bien ». Que le pauvre d’abord ne pleure point à ton sujet, si tu veux qu’un pauvre se réjouisse. « Détourne-toi du mal et fais le bien ». Quelle sera ta récompense? Car maintenant tu es encore dans le combat : « Cherche la paix, et poursuis-la ». Apprends à dire: « Vous êtes ma miséricorde et mon refuge, mon soutien, mou libérateur, mon protecteur ». « Mon appui », de peur que je ne tombe; « mon libérateur», de peur que je ne reste dans le piège; « mon protecteur», de peur que je ne sois blessé. « Oui, mon protecteur, en qui j’ai mis mon espoir ». Dans tous ces embarras, dans mes fatigues, dans mes combats, dans toutes ces difficultés, j’ai mis en lui mon espoir. « C’est lui qui m’assujettit mon peuple ». Ce langage est de notre chef.
