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Néanmoins, comme sa grandeur est sans borne, et que nous devons louer celui que nous ne pouvons comprendre (si nous le comprenions, en effet, sa grandeur ne serait pas sans borne ; mais si cette grandeur est sans borne, nous pouvons la comprendre quelque peu, et non dans son immensité), que sa bonté nous soutienne puisque sa grandeur nous dépasse; jetons les yeux sur ses oeuvres, et bénissons l’ouvrier dans ses oeuvres, l’auteur dans l’ouvrage, le créateur dans ses créatures. Voyons ce qu’il a fait ici-bas, ce qui nous est connu, ce qui est visible pour nous. Combien d’autres, que nous ne saurions connaître, sont le produit de son immense bonté, de son infinie grandeur ! Quand notre vue pourrait pénétrer jusqu’au ciel, et que du soleil, de la lune et des étoiles, nous la ramènerions sur la terre, car c’est dans cet espace que nos yeux se promènent, pourrions-nous jeter au-delà des cieux, je ne dis pas les yeux du corps, mais les yeux de l’âme ? Louons donc le Seigneur dans ses oeuvres, autant que ses oeuvres nous sont connues. « Car les perfections invisibles de Dieu sont devenues visibles depuis la création du monde par tout ce qui a été fait1. Une «génération et une génération bénira vos oeuvres2 ». Toute génération chantera vos oeuvres. Pour marquer toute génération, le Prophète se sert de cette manière de parler: « Une génération et une génération ». Il ne pouvait marquer en détail toute génération, jusqu’à l’épuisement de toutes les générations ; mais cette répétition du langage reporte la pensée dans l’infini. Cette génération, qui est maintenant dans la chair, qui passera comme elle est venue, bénit les oeuvres de Dieu ; après cette génération une autre viendra louer les oeuvres de Dieu, et après cette autre, une autre encore, et ainsi combien de générations jusqu’à la fin des siècles. Voilà ce que veut dire le Prophète « Une génération et une génération bénira vos ouvrages ». Ou aurait-il voulu, peut-être, dans cette répétition, préciser deux générations spéciales ? Dans cette génération présente nous sommes en effet les fils de Dieu, et dans l’autre génération nous serons les enfants de la résurrection; et l’Ecriture, qui donne le nom de régénération à la résurrection, nous appelle enfants de la résurrection. « A la régénération », est-il dit, « lorsque le Fils de l’homme s’assiéra dans sa majesté3». De même ailleurs : « Les femmes ne prendront point d’époux, ni les hommes d’épouses, puisqu’ils seront les fils de la résurrection4 ». Donc « une génération et une génération louera vos oeuvres». Maintenant dans cette vie mortelle nous louons les oeuvres du Seigneur; et si nous les bénissons chargés de chaînes, une fois couronnés, comment les bénirons-nous? Considérons donc les oeuvres de Dieu, dans cette génération présente puisque c’est en son honneur que le Prophète a dit : « Une génération et une génération bénira vos oeuvres, parce que sa grandeur est sans borne ». Il est bien de considérer vos oeuvres, afin de vous bénir, vous qui en êtes l’auteur.