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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME CXLIV.

13.

«Que toutes vos oeuvres vous confessent, ô mon Dieu, et que vos saints vous bénissent1 ». Que toutes vos oeuvres vous bénissent. Quoi donc ! la terre n’est-elle pas son oeuvre? Le bois n’est-il pas son oeuvre? Les troupeaux, les bestiaux, les poissons, les oiseaux, ne sont-ils pas ses oeuvres? Assurément ce sont là ses oeuvres ; mais comment toutes ses oeuvres pourront-elles confesser le Seigneur ? Je comprends que, à l’égard des anges, les oeuvres de Dieu le confessent, car les anges sont ses oeuvres; les hommes aussi sont ses oeuvres, et quand les hommes le confessent, ses oeuvres le confessent ; mais les bois et les pierres ont-ils une voix pour le confesser? Et, toutefois, que toutes ses oeuvres le confessent, dit le psalmiste. Comment ? Et la terre et le bois ? Oui, toutes ses oeuvres; si toutes révèlent sa gloire, pourquoi toutes ne le confesseraient-elles point? Car la confession ne s’entend pas seulement de l’aveu des fautes, elle s’entend aussi de la louange; et ne croyez pas que partout le mot de confession ne signifie que l’aveu du péché. On s’est tellement pénétré de cette idée, que si l’on entend ce mot dans les saintes Ecritures, on se frappe aussitôt la poitrine. Comprends alors qu’il y a aussi une confession de louanges: Notre-Seigneur Jésus-Christ avait-il donc des péchés à confesser? Et cependant il dit : « Je vous confesserai, mon Père, Dieu du ciel et de la terre2 ». La louange est donc une confession. Dès lors, comment faut-il entendre: « Que tous vos ouvrages vous confessent », sinon, que tous vos ouvrages vous louent? Mais, diras-tu, la difficulté revient pour la louange, comme pour la confession. Si la terre, les bois, les créatures sans raison, ne sauraient confesser le Seigneur, parce qu’ils n’ont point de voix pour faire cette confession, ils ne pourront non plus le louer, puisqu’ils n’ont point de voix pour parler. Et toutefois ces créatures ne sont-elles point citées par les trois enfants qui se promènent dans les flammes, assez libres non-seulement pour ne pas brûler, mais encore pour louer Dieu ? A toutes les créatures, depuis la terre jusqu’au ciel, ils disent: «Bénissez le Seigneur, chantez-lui des hymnes, louez-le à jamais3». Les voilà qui chantent des hymnes. Que nul ne s’imagine, toutefois, qu’une pierre muette, qu’un animal sans parole ait assez de raison pour connaître Dieu. C’est une grave erreur pour ceux qui l’ont cru. Dieu a tout réglé, tout créé : à quelques créatures il a donné le sens, l’intelligence et l’immortalité comme aux anges; à d’autres, qui sont mortels, il a donné le sens et l’intelligence comme aux hommes : à ceux-ci il a donné le sens corporel, mais sans intelligence et sans immortalité, comme aux animaux; à ceux-là, il n’a donné ni le sens, ni l’intelligence, ni l’immortalité, comme aux herbes, aux bois, aux pierres : et toutefois nulle de ces créatures ne saurait manquer dans son genre. Dieu les a réglées comme par degrés depuis la terre jusqu’au ciel, depuis les choses visibles jusqu’aux choses invisibles, et ce qui est mortel, et ce qui est immortel. Cet enchaînement des créatures, cet ordre admirable qui s’élève du plus bas au plus haut, pour redescendre d’en haut jusqu’en bas, qui n’est interrompu nulle part, admirablement pondéré par les contraires, tout cet enchaînement bénit le Seigneur. Comment toutes ces créatures bénissent-elles le Seigneur? En ce que tu ne saurais en considérer la beauté sans louer Dieu qui en est l’auteur. La terre n’a qu’une voix muette, sa beauté; mais quand l’on considère sa beauté, sa fécondité, sa vertu surprenante, cette germination des semences que l’on y répand, et même de celle que l’on ne sème point, cette considération est une manière de questionner, tes recherches sont des interrogations. Admirer cette beauté, en rechercher les causes, sonder cette force, cette fécondité surprenante, c’est comprendre bientôt que cette puissance ne lui vient point d’elle-même; et il te vient en pensée qu’elle n’a pu exister par elle-même sans le Créateur. Mais cette conclusion que tu as trouvée, est une confession de la terre, une hymne en l’honneur du Créateur. Aussi, quand nous admirons en général cette beauté du monde, n’y a-t-il pas dans cette beauté comme une voix qui vous crie : C’est Dieu qui m’a faite, et non pas moi?


  1. Ps. CXLIV, 10. ↩

  2. Matth, XI, 25.  ↩

  3. Dan. III, 20, 90. ↩

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