7.
Qu’est-ce à dire, « pendant ma vie ? ».Vous êtes ici-bas mon espérance. C’est ici que vous êtes mon espérance, disons-nous à Dieu; quant à devenir mon héritage, ce n’est point ici-bas, mais dans la terre des vivants; et la terre que nous habitons est la terre des mourants1. Nous sommes ici-bas de passage, l’in. portant c’est le terme où nous allons. Ici-bas, en effet, le méchant est un passager, comme le juste est un passager. Car nous ne voyons point que le juste passe, tandis que le méchant demeure, ou que le méchant passe, tandis que le juste demeure ; ils passent tous deux, mais non pour la même destination. Ils étaient bien deux, ce pauvre, couvert d’ulcères, couché à la porte du riche, et ce riche vêtu de pourpre et de fin lin, qui faisait chaque jour bonne chère. Ils étaient ici-bas tous deux, passaient tous deux par ici-bas, mais n’allaient point au même lieu; ils ont une destination différente, où les conduisent des mérites bien différents. Le pauvre passa de la terre au sein d’Abraham, et le riche dans les tourments de l’enfer. Ils sont rapprochés sur la terre, l’un dans sa maison, l’autre devant sa porte, et la mort les a tellement séparés, qu’Abraham dit au riche: « Entre vous et nous, un immense abîme est éternel2». Donc, mes frères, puisque c’est l’espérance qui est ici-bas notre nourriture, et que nous n’avons de vie parfaite que celle qui nous est promise ; ici-bas, les gémissements; ici-bas, les épreuves et les angoisses; ici-bas, les chagrins et les dangers ; notre âme louera le Seigneur comme il doit être loué quand s’accomplira celte parole d’un autre psaume: « Bienheureux ceux qui habitent votre mai son, ils vous loueront dans les siècles des siècles3 » ; lorsque tout consistera pour nous à louer Dieu. Mais quand cela s’accomplira-t-il ? « Dans ma vie ». Qu’avons-nous, en effet, maintenant? Le Prophète pourrait l’appeler ma mort. Pourquoi ta mort? Parce que je suis éloigné du Seigneur. Si ma vie consiste à m’attacher à lui, m’en séparer c’est la mort. Mais d’où te vient ta consolation? De l’espérance. C’est donc l’espérance qui fait ta vie ; que l’espérance te porte à louer Dieu, te porte à le chanter. Ne chante point ce qui te fait mourir, chante ce qui te fait vivre. La mort te vient des afflictions de ce monde, et la vie de l’espérance du siècle futur. « Je louerai le Seigneur pendant ma vie », est-il dit.