17.
« Que tous ses saints le chantent dans leurs hymnes ». Connaissez-vous l’hymne? C’est un cantique en l’honneur de Dieu. Louer Dieu, sans aucun chant, ce n’est point une hymne : chanter sans louer Dieu, n’est point une hymne ; louer quelque chose autre que Dieu, de quelque chant que l’on puisse accompagner cette louange, ce n’est point une hymne encore. Une hymne a donc ces trois conditions, qu’elle est un chant, une louange, et louange en l’honneur de Dieu, Un cantique en l’honneur de Dieu est donc une hymne. Or, que signifie cette parole : « Hymne à tous les saints? » Que tous les saints du Seigneur lui chantent des hymnes, qu’ils fassent retentir ses louanges. C’est là ce qu’ils recevront de Dieu au dernier jour, une hymne éternelle. De là cette autre parole du psaume: « Le sacrifice de louanges est le culte qui m’honore, telle est la voie où je lui montrerai mon salut1 ». Et encore « Bienheureux ceux qui habitent votre maison, ils vous loueront dans les siècles des siècles2». Telle est l’hymne pour tous les saints. Quels sont les saints de Dieu? « Les fils d’Israël, le peuple qui s’approche de lui ». Que nul ne dise : Je ne suis point entant d’Israël. Ne vous imaginez point que les Juifs seront enfants d’Israël, et non point nous. J’ose vous dire au contraire, que nous sommes les enfants d’Israël, et non les Juifs. Ecoutez pourquoi : c’est que l’enfant né selon l’esprit est plus grand que l’enfant né selon la chair. Or, d’où est issu Israël ? D’Abraham. Car Isaac est né d’Abraham, et Israël d’Isaac. Comment Abraham se rendit-il agréable à Dieu? « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice3». Quiconque dès lors imite Abraham dans sa foi, devient fils d’Abraham; quiconque dégénère de la foi d’Abraham, est déchu de sa postérité. Les Juifs qui ont dégénéré de sa foi, ont perdu le droit d’être ses enfants , et nous en imitant sa foi , nous avons acquis ce même droit. Sache bien qu’ils l’ont perdu. Que leur répond le Sauveur quand ils disent: « Nous sommes fils d’Abraham4? » Ils osent bien se vanter et lever la tête à propos de cette noble descendance d’un juste ; mais que leur dit le Seigneur : « Si vous étiez fils d’Abraham, vous en feriez les oeuvres5». Si donc ils ont perdu l’honneur d’être enfants d’Abraham, nous avons acquis ce même honneur; et nous avons acquis par notre foi ce que leur incrédulité leur a fait perdre. Parce qu’Abraham crut à Dieu, sa foi lui fut imputée à justice. Or, la postérité d’Abraham c’est le Christ6,et nous sommes dans le Christ ; d’Israël naquit un peuple, d’où est venue Marie, et de Marie est né le Christ, et nous qui sommes dans le Christ, nous sommes donc fils d’Israël. Qu’ajoute le Prophète pour nous distinguer des Juifs? « Aux fils d’Israël, au peuple qui s’approche de Dieu ». Voyez les Juifs : s’ils s’approchent de Dieu, c’est d’eux qu’il est question. Mais peut-être s’en approchent-ils, me dira quelqu’un ; car eux aussi chantent des psaumes, ils chantent des hymnes à Dieu. N’entendez-vous point ce que dit le Prophète: « Voilà un peuple qui m’honore des lèvres, mais leur coeur est loin de moi7?» Si donc leur coeur est loin de Dieu, et si notre coeur est près de Dieu, parce que nous croyons, parce que nous espérons, parce que nous aimons, parce que nous sommes unis au Christ, parce que nous sommes devenus ses membres ; est-ce que les membres sont séparés du chef? S’ils étaient éloignés, ils seraient divisés, et cette parole ne serait plus vraie : « Voilà que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles8 ». S’ils étaient séparés du chef, il ne dirait point du haut du ciel : «Saul, Saul, pourquoi me persécuter9?» S’il n’était point en nous, il ne dirait point :
« J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ». Et quand on lui dit: « Où donc vous avons-nous rencontré ayant faim? » il ne répondrait pas : Quand vous l’avez fait au moindre des miens, c’est à moi que vous l’avez fait10». Voilà Israël, voilà le peuple qui s’approche de Dieu, qui s’unit à lui maintenant dans l’espérance, et plus tard en réalité.
