5.
Mais pourquoi l’homme bénit-il le Seigneur en tout temps? Parce qu’il est humble. Mais être humble, qu’est-ce donc? C’est ne point rechercher la louange pour soi-même. Quiconque veut être loué pour lui-même, est orgueilleux. Mais où n’est point l’orgueil, là est l’humilité. Veux-tu donc n’être pas orgueilleux ? Afin de pouvoir être humble, dis ce qui suit : « Mon âme sera louée dans le Seigneur ; que ceux qui sont doux l’entendent, qu’ils partagent ma joie1 ». Celui-là donc n’est pas doux, qui ne veut point être loué dans le Seigneur, mais il est opiniâtre, arrogant, enflé, superbe. Il faut au Seigneur une monture paisible, sois la monture du Seigneur, c’est-à-dire sois doux. Il s’assiéra sur toi, c’est lui qui veut te conduire ; ne crains pas de heurter ton pied ni de tomber dans l’abîme. Tu es infirme à la vérité, mais considère celui qui te dirige. Tu peux être le fils de l’ânesse, mais tu portes le Christ. Car ce fut sur le poulain de l’ânesse qu’il entra dans Jérusalem, et cet animal était doux. Or, était-ce l’animal que l’on chantait alors ? Etait-ce à lui que l’on chantait : « Hosanna, fils de David , béni soit celui qui vient au nom du Seigneur2 ? » C’était l’ânon qui portait, mais c’était au Christ, qu’il portait, que s’adressaient les acclamations de ceux qui précédaient et de ceux qui suivaient. Cet animal disait peut-être : « Mon âme sera louée dans le Seigneur; que les hommes doux l’entendent, et en soient dans l’allégresse ». Non, mes frères, cet ânon n’a jamais parlé de la sorte, mais que tel soit le langage du peuple dont il est la figure, si ce peuple veut porter le Seigneur. Ce peuple s’irritera-t-il d’être comparé à l’ânon qui est la monture du Seigneur Jésus ? et quelques hommes pleins d’enflure et d’orgueil, s’en viendront dire: Voilà qu’il fait de nous des ânes. Eh bien qu’il devienne l’âne du Seigneur celui qui me parlera de la sorte, mais qu’il ne soit ni le cheval ni le mulet qui n’ont point d’intelligence. Vous connaissez le psaume qui dit : « Ne ressemblez ni au cheval ni au mulet, sans entendement3 ». Le cheval et le mulet lèvent parfois la tête, et dans leur indocilité renversent leur cavalier. On les dompte avec le frein et le mors, avec le fouet, jusqu’à ce qu’ils s’assouplissent, et portent leur maître; mais toi, avant même que ta bouche soit meurtrie par le mors, sois doux et porte ton Dieu : ne recherche point la louange pour toi-même, cherche-la pour celui que tu portes, et chante alors : « Mon âme sera louée devant le Seigneur; que les hommes doux l’entendent, et qu’ils s’en réjouissent » ; car si ce n’est point un homme doux et humble qui l’entend, loin de s’en réjouir, il s’en irrite : et tels sont ceux qui nous reprochent de les comparer à des ânes. Quant aux coeurs doux, puissent-ils écouter, et devenir ce qu’ils entendent!