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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XXXIV.
PREMIER SERMON

7.

Il y en a qui disent: Dieu, qui est bon et magnifique, qui règne au plus haut des cieux, qui est invisible, éternel et incorruptible, nous donnera la vie éternelle; il nous communiquera cette incorruptibilité qu’il nous a promise en nous promettant la résurrection; mais, pour les choses du temps, pour les biens de cette vie terrestre, ils sont du domaine des démons; ils appartiennent aux puissances de ces ténèbres. Par de telles paroles, lorsqu’ils sont possédés de l’amour des choses du monde, ils en écartent Dieu, comme si elles ne le concernaient en rien; et, par d’abominables sacrifices, par je ne sais quels moyens ou quels perfides conseils venant des hommes, ils cherchent à se procurer des avantages temporels, tels que de l’argent, une lemme, des enfants et tout ce qui peut charmer le cours de la vie humaine, ou en retarder la marche trop rapide.

La divine Providence a pris soin de démontrer la fausseté de cette opinion: Dieu a voulu nous convaincre qu’il n’est pas étranger aux affaires du temps, et qu’il tient toutes choses sous sa dépendance; d’abord les biens éternels qu’il nous a promis pour l’avenir, et aussi les biens temporels qu’il donne à qui bon lui semble et quand il le juge opportun; car il sait à qui il doit les accorder, à qui il doit les refuser, de la même manière que le médecin sait distribuer ses remèdes, parce qu’il connaît mieux les besoins d’un malade que le malade lui-même. Pour nous donner cette conviction, le Seigneur a partagé les siècles entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Dans l’Ancien Testament, ses promesses ont pour objet les biens de cette vie; dans le Nouveau, elles ont trait au royaume des cieux. Dans l’un et dans l’autre, le culte de Dieu et les moeurs sont réglés par des prescriptions presque semblables, mais les promesses y paraissent différentes; la puissance prescriptive du supérieur, l’obligation d’obéir chez l’inférieur y sont les mêmes, mais la récompense ne l’est pas. Il a été dit, en effet, aux anciens : Vous entrerez en possession de la terre promise; vous y régnerez; vous y triompherez de vos ennemis; vous ne leur serez point soumis dans ce pays; vous y jouirez d’une complète abondance; vous y engendrerez des enfants1. Ces avantages temporels furent promis; mais ils l’étaient en figure. Tu peux supposer que quelques-uns ont vu, pour eux, l’accomplissement de telles promesses; et, de fait, il en a été ainsi pour plusieurs. Une contrée a été donnée aux enfants d’Israël; ils reçurent des richesses en partage; des femmes stériles et presque parvenues à la vieillesse ont prié Dieu; elles ont mis en lui leur espérance; elles n’ont cherché d’autre secours que le sien même pour devenir mères, et elles ont mis au monde des enfants. Leur coeur n’est point resté sourd à cette parole du Seigneur: «Je suis ton salut». Si cette parole est vraie pour les choses de l’éternité, pourquoi ne le serait-elle pas dans les affaires du temps?

Dieu en a donné la preuve dans la cause du saint homme Job. Le diable n’est à même de ravir les biens de ce monde qu’autant qu’il en a reçu le pouvoir de la part du souverain Maître. Il a pu porter envie au saint; a-t-il été capable de lui nuire? Il a pu l’accuser; a-t-il été capable de le condamner? A-t-il pu lui ôter quoi que ce fût, même un ongle, même un cheveu, avant d’avoir dit à Dieu « Laissez aller votre main2?» Qu’est-ce à dire:

«Laissez aller votre main? o Donnez-moi le pouvoir. 111e reçut; il tenta Job; Job fut tenté; néanmoins, le tenté demeura victorieux, et le tentateur fut vaincu; car Dieu, qui avait permis au diable de dépouiller de tout son serviteur, n’avait point abandonné celui-ci intérieurement, et il s’était fait de l’âme de Job un glaive pour vaincre l’esprit malin. Combien vaut cela? Je parle de l’homme. Vaincu au paradis3; victorieux sur un fumier; au paradis, le diable s’est servi de la femme pour en triompher; sur le fumier, il a triomphé du diable et de la femme. «Tu « as», dit-il, « parlé comme une d’entre les femmes insensées. Si nous avons reçu des biens de la main de Dieu, pourquoi ne supporterions-nous pas les maux qu’elle nous envoie4? » Comme il avait bien entendu ces paroles : « Je suis ton salut! »


  1. Exod. XXIII, 25-31.  ↩

  2. Job, I, 11. ↩

  3. Gen. III, 6.  ↩

  4. Job, II, 10.  ↩

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