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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XXXV

14.

« Ils seront enivrés de l’abondance de votre maison1 ». Je ne sais quoi de grand nous promet ici le Prophète. Il veut le dire et ne le dit point; est-ce lui qui ne saurait le dire, ou nous qui ne le comprenons point ? Je le dis sans crainte, mes frères, et même des langues et des coeurs des saints qui nous ont annoncé la vérité : l’objet de leur message était supérieur à toute parole et à toute pensée. C’est en effet quelque chose de grand et d’ineffable; eux-mêmes ne le voyaient qu’en partie, d’une manière figurative, comme l’a dit l’Apôtre. « Nous ne voyons Dieu qu’imparfaitement et comme en énigme; mais alors nous le verrons face à face2 ». Ainsi jetaient leur surabondance ceux qui ne voyaient qu’en énigme. Comment donc serons-nous, quand nous verrons face à face Celui qu’ils portaient dans leurs coeurs, et que leurs langues ne pouvaient exprimer aux hommes d’une manière compréhensible? Quelle nécessité y avait-il de dire: « Ils seront enivrés de l’abondance de votre maison ? » Il cherche dans la langue humaine une expression à sa pensée; et comme ils voient que les hommes se gorgent de vin jusqu’à l’ivresse, qu’ils en prennent sans mesure et jusqu’à perdre la raison, trouve là une manière de s’exprimer; car, une fois cette joie céleste répandue dans nos âmes, la raison humaine s’évanouit en quelque serte, elle devient divine et s’enivre de l’abondance qui est dans la demeure de Dieu. Aussi est-il dit dans un autre psaume: « Combien m’est délicieux le calice qui m’enivre3 !» C’est ce calice qui enivrait les martyrs quand ils allaient au supplice sans connaître leurs proches. Quelle plus grande ivresse que de méconnaître une épouse éplorée, des enfants, des proches? Et pourtant, ils ne les connaissaient plus, ils ne croyaient point les avoir devant les yeux. Ne vous en étonnez pas, ils étaient dans l’ivresse. Dans quelle ivresse ? Voyez: ils avaient pris la coupe qui avait dû les enivrer. C’est ce qui porte à remercier Dieu celui qui s’écriait: « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens dont il m’a comblé? Je prendrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur4 ». Donc, mes frères, soyons les enfants des hommes; espérons à l’ombre des ailes du Seigneur, et enivrons-nous de l’abondance de sa maison. Je dis ce que je puis à ce sujet, je ne vois que comme je puis, et je ne puis dire encore ce que je vois. « Ils seront enivrés de l’abondance de votre maison ; et vous les abreuverez au torrent de vos délices». On appelle torrent cette eau qui se précipite avec impétuosité; la divine miséricorde se précipitera donc, pour baigner, pour enivrer ceux qui, en cette vie, se reposent dans l’espérance à l’ombre de vos ailes. Quelle est cette volupté? C’est un torrent qui enivre ceux qui ont soif. lue celui-là donc qui a soif se prenne à espérer; qu’il espère, celui qui a soif, et quand il sera dans l’ivresse, il possédera l‘objet de son espérance ; mais avant de le posséder, qu’il en ait la soif et l’espérance. « Bienheureux iceux qui ont faim et soif de la justice, parce n qu’ils seront rassasiés5 ».


  1. Ps. XXXV, 9. ↩

  2. I Cor. XIII 12. ↩

  3. Ps. XXII, 5. ↩

  4. Id. CXV, 12, 13.  ↩

  5. Matt. V, 6. ↩

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