Traduction
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Méthode pour enseigner aux catéchumènes les éléments du Christianisme
CHAPITRE XVIII.
CRÉATION DU MONDE. — PÉCHÉ ORIGINEL.
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Le Dieu tout-puissant, bon, juste et miséricordieux, a imprimé le caractère de la bonté à toutes ses oeuvres, quelle que soit leur grandeur ou leur petitesse, à tous les points de l’espace. Après avoir créé le ciel, la terre, la mer; au ciel, le soleil, la lune et tous les astres; sur la terre et dans la mer, les plantes et les diverses espèces d’êtres qui les peuplent; en un mot, le monde des corps et des choses visibles, il a créé les choses invisibles, comme les principes de vie qui animent les corps; puis il a fait l’homme à son image : il a voulu que de même qu’il exerçait par sa toute-puissance un souverain empire sur l’ensemble de la création, l’homme commandât à la terre et aux êtres qu’elle renferme par le privilège de son intelligence qui le rend capable de connaître et d’adorer son Créateur. lia aussi créé à l’homme une compagne: ce n’était pas pour les unir par le lien de la concupiscence, puisque, avant d’être soumis à la mort, qui n’est que le châtiment du péché, leur corps était étranger à toute corruption; son but était de donner à l’homme dans la femme un sujet de se glorifier, en la guidant vers Dieu et en s’offrant à elle comme un miroir de sainteté et de piété, au même titre qu’il faisait lui-même la gloire de Dieu, en obéissant aux inspirations de sa sagesse.
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Il les plaça dans un séjour de félicité inaltérable, appelé Paradis dans l’Ecriture, en leur imposant un commandement: s’ils l’observaient fidèlement, ils devaient jouir du bonheur de l’immortalité; s’ils le transgressaient, la mort les attendait comme châtiment de leur faute. Dans sa prescience, Dieu voyait bien qu’ils pécheraient : cependant, comme il est le principe et l’auteur de tout bien, il choisit pour les créer le moment où il créa les animaux, afin de multiplier sur la terre les trésors de bonté qui conviennent à ce séjour : car, même après le péché, l’homme est encore supérieur à la bête. Quant au précepte qu’ils ne devaient pas observer, il aima mieux le leur donner, afin de leur enlever toute excuse quand il ferait peser sur eux sa justice. Quelles que soient les actions de l’homme, Dieu y fait toujours éclater sa gloire par la justice des récompenses, si elles sont bonnes, par la justice des châtiments, si elles sont criminelles; enfin, par les bienfaits de sa miséricorde, si le pécheur reconnaît sa faute et retourne au bien. Pourquoi donc n’aurait-il pas créé l’homme, tout en prévoyant sa faute, puisqu’il devait le couronner dans sa victoire, le soumettre à l’ordre dans sa chute, le soutenir dans ses efforts pour se relever, tour à tour bon, juste, clément, et toujours plein de gloire? D’ailleurs ne prévoyait-il pas que de cette tige de mort sortiraient un jour des saints qui rendraient gloire à leur Créateur sans y prétendre pour eux-mêmes, et qui, affranchis par la piété de toute souillure, mériteraient de vivre avec les saints anges d’une vie éternellement heureuse? Le don du libre arbitre, que l’homme avait reçu pour servir Dieu, moins par une fatalité humiliante que par un noble effort de sa volonté, avait été également accordé aux anges. Par conséquent l’ange qui, dans son orgueil, s’est révolté contre Dieu avec ses compagnons, et s’est changé [77] en Satan, s’est nui à lui-même sans faire tort à Dieu : car Dieu a su faire rentrer dans l’ordre les esprits rebelles, et leur châtiment est devenu une décoration pour les parties les plus basses et les plus sombres de la création, par une loi où la justice la plus sévère se joint à la plus merveilleuse harmonie. Satan n’a donc pu atteindre la majesté divine, soit en se révoltant lui-même, soit en entraînant l’homme à la mort par ses séductions: l’homme n’a pas été non plus capable d’altérer la vérité, la puissance ou la félicité de son Créateur, en s’associant librement à la désobéissance de sa femme, tombée la première dans les piéges du tentateur. Condamnés par l’arrêt le plus équitable, la justice de leur châtiment a tourné à la gloire de Dieu, comme l’humiliation de leur peine a tourné à leur honte. Séparé de son Créateur, l’homme a été assujetti à Satan, son vainqueur, et Satan a été pour l’homme revenu à son Créateur, l’ennemi qu’il fallait vaincre: de la sorte, tous ceux qui suivront jusqu’à la fin les inspirations du tentateur, iront avec lui au feu éternel; tous ceux qui s’humilieront en l’honneur de Dieu et triompheront du tentateur avec le secours de la grâce, obtiendront une récompense éternelle.
Edition
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De catechizandis rudibus
CAPUT XVIII. De hominis et rerum aliarum creatione quid credendum. Homo in paradiso constitutus. Cur creatus qui praesciebatur peccaturus. Lapsus hominis et angeli nihil Deo nocuit.
29. Quoniam Deus omnipotens, et bonus et justus et misericors, qui fecit omnia bona, sive magna sive parva, sive summa sive infima; sive quae videntur, sicuti sunt coelum et terra et mare, et in coelo sol et luna, et caetera sidera, in terra autem et mari arbores et frutices et animalia suae cujusque naturae, et omnia corpora vel coelestia vel terrestria; sive quae non videntur, sicuti sunt spiritus quibus corpora vegetantur et vivificantur: fecit et hominem ad imaginem suam; ut quemadmodum ipse per omnipotentiam suam praeest universae creaturae, sic homo per intelligentiam suam, qua etiam Creatorem suum cognoscit et colit, praeesset omnibus terrenis animalibus. Fecit illi etiam adjutorium feminam: non ad carnalem concupiscentiam, quandoquidem nec corruptibilia corpora tunc habebant, antequam eos mortalitas invaderet poena peccati; sed ut haberet et vir gloriam de femina, cum ei praeiret ad Deum, seque illi praeberet imitandum in sanctitate atque pietate; sicut ipse esset gloria Dei, cum ejus sapientiam sequeretur.
30. Itaque constituit eos in quodam loco perpetuae beatitudinis, quem appellat Scriptura paradisum; praeceptumque illis dedit, quod si non transgrederentur, in illa semper immortalitatis beatitudine permanerent: si autem transgrederentur, supplicia mortalitatis expenderent. Praesciebat autem Deus eos transgressuros: sed tamen quia conditor est et effector omnis boni, magis eos fecit, quando fecit et bestias, ut impleret terram bonis terrenis. Et utique melior est homo etiam peccator, quam bestia. Et praeceptum quod non erant servaturi, magis dedit, ut essent inexcusabiles, cum in eos vindicare coepisset. Quidquid enim homo fecerit, laudabilem in suis factis invenit Deum: si recte egerit, laudabilem invenit per justitiam praemiorum; si peccaverit, laudabilem invenit per justitiam suppliciorum; si peccata confessus ad recte vivendum redierit, laudabilem invenit per misericordiam indulgentiarum. Cur ergo non faceret Deus hominem, quamvis eum peccaturum praenosceret, cum et stantem coronaret, et cadentem ordinaret, et surgentem adjuvaret, semper et ubique ipse gloriosus bonitate, justitia, clementia? maxime quia et illud praesciebat, de propagine mortalitatis [Col. 0333] ejus futuros sanctos, qui non sibi quaererent, sed Creatori suo gloriam darent, et eum colendo ab omni corruptione liberati, cum Angelis sanctis semper vivere et beate vivere mererentur? Qui enim hominibus dedit liberum arbitrium, ut non servili necessitate, sed ingenua voluntate Deum colerent, dedit etiam Angelis. Et ideo nec angelus, qui cum spiritibus aliis satellitibus suis superbiendo deseruit obedientiam Dei, et diabolus factus est, aliquid nocuit Deo, sed sibi: novit enim Deus ordinare deserentes se animas, et ex earum justa miseria inferiores partes creaturae suae convenientissimis et congruentissimis legibus admirandae dispensationis ornare. Itaque nec diabolus aliquid Deo nocuit, quia vel ipse lapsus est, vel hominem seduxit ad mortem: nec ipse homo in aliquo minuit veritatem aut potestatem aut beatitatem Conditoris sui, quia conjugi suae seductae a diabolo, ad id quod Deus prohibuerat, propria voluntate consensit. Justissimis enim Dei legibus omnes damnati sunt, Deo glorioso per aequitatem vindictae, ipsi ignominiosi per turpitudinem poenae1: ut et homo a suo Creatore aversus victus diabolo subderetur, et diabolus homini ad Creatorem suum converso vincendus proponeretur; ut quicumque diabolo usque in finem consentirent, cum illo irent in aeterna supplicia; quicumque autem humiliarent se Deo, et per ejus gratiam diabolum vincerent, aeterna praemia mererentur.
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Gen. II, III. ↩