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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

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Méthode pour enseigner aux catéchumènes les éléments du Christianisme

CHAPITRE XXI.

CAPTIVITÉ DE BABYLONE. — LES JUIFS N’ONT JAMAIS DEPUIS RECOUVRÉ LEUR INDÉPENDANCE NATIONALE.

  1. Plusieurs générations après David, Dieu fit voir en figure le mystère le plus profond. La cité sainte fut réduite en captivité et la plupart de ses enfants emmenés à Babylone. Or, si Jérusalem désigne la société formée par les saints, Babylone qui, dit-on, signifie confusion, désigne la société formée par les méchants. Nous avons déjà parlé de ces deux cités qui doivent subsister ensemble à travers les vicissitudes des âges, depuis l’origine du monde jusqu’à la fin des siècles, et au jour du jugement où elles seront à jamais séparées.

La partie de Jérusalem et du peuple vouée à l’exil, reçut l’ordre du Seigneur de partir pour Babylone, par la bouche de Jérémie, le prophète de cette époque.

Parmi les monarques babyloniens , leurs maîtres, il s’en rencontra qui, frappés des miracles accomplis à l’occasion des Israélites, reconnurent le vrai Dieu, l’unique Créateur de toute créature, l’adorèrent et le firent adorer1. Le Seigneur commanda encore aux Israélites de prier pour ceux qui les retenaient en captivité, de fonder l’espoir de leur tranquillité sur celle de leurs maîtres, afin de pouvoir élever leurs familles, bâtir des maisons, planter des jardins et des vignes. C’est après une période de 70 ans que Jérémie promit la fin de la captivité2. Or c’était là une allégorie qui désignait la soumission que doit aux monarques du monde l’Eglise avec tous les saints, qui sont les citoyens de la Jérusalem d’en haut: car, d’après la doctrine de l’Apôtre, « toute personne doit être soumise aux puissances souveraines »; et plus loin : « Rendez à chacun ce que vous lui devez, le tribut à qui vous devez le payer, l’impôt, à qui doit le lever sur vous3». Et ainsi de tous les devoirs auxquels nous sommes obligés envers les puissances humaines, sauf le culte que nous devons à notre Dieu. Notre-Seigneur lui-même a voulu nous enseigner par son exemple ces sages principes et n’a pas dédaigné de payer la capitation pour sa personne4, Les serviteurs chrétiens et les pieux fidèles doivent obéir à leurs maîtres selon la chair avec autant de docilité que de dévouement5; ils les jugeront un jour, si leur iniquité ne se dément pas; ils régneront fraternellement avec eux , s’ils se convertissent au vrai Dieu. C’est à tous les chrétiens que s’adresse le commandement d’être soumis aux puissances de la terre et du monde, jusqu’au moment, figuré par le terme de 70 ans, où l’Eglise sera arrachée à la confusion du monde, comme Jérusalem fut affranchie de la captivité de Babylone. La captivité de l’Eglise a aussi été cause que les rois de la terre ont enfin abandonné les idoles au nom desquelles ils persécutaient les chrétiens : ils ont reconnu, ils adorent le vrai Dieu et le souverain Seigneur Jésus-Christ. Il faut également prier pour eux, lors même qu’ils persécuteraient l’Eglise, comme nous le commande l’apôtre Paul, qui s’exprime ainsi: « Je vous recommande avant tout de faire des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces pour tous les hommes, pour tous les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie heureuse et tranquille en toute piété et honnêteté6». Ce sont eux, en effet, qui ont donné à l’Eglise la paix et cette tranquillité matérielle nécessaire pour bâtir des édifices spirituels, pour féconder les jardins et les vignes du Seigneur. Vois plutôt: dans cet entretien, j’édifie et je plante en ton âme, et ce travail s’accomplit dans tout l’univers, grâce à la paix que nous donnent les rois chrétiens. « Vous êtes le champ que Dieu cultive, dit encore l’Apôtre, et l’édifice que Dieu bâtit7».

  1. Au bout de 70 ans, figure mystique de la fin des temps, le temple fut rebâti à Jérusalem, afin de compléter la figure ; mais comme tous ces événements n’étaient que des symboles, les Juifs ne purent jamais recouvrer ni paix solide ni indépendance. Plus tard, ils furent vaincus par les Romains et soumis au tribut. Du reste, à partir du moment où ils entrèrent dans la terre promise, et quand ils eurent des chefs à leur tête, le Christ ne cessa d’être annoncé dans une foule de prophéties, d’une clarté plus frappante encore que par le -passé, de peur qu’ils ne crussent voir la pro. messe d’un Messie libérateur accomplie dans la personne d’un de leurs rois. Outre David, dans le livre des Psaumes, une foule de prophètes, pleins d’élévation et de sainteté, le prédirent jusqu’à la captivité de Babylone. Durant la captivité, il parut encore des prophètes qui annoncèrent la venue du Seigneur Jésus-Christ, libérateur du genre humain. Lorsque le temple eût été reconstruit, après la période des 70 années, les Juifs furent soumis par les rois étrangers à une tyrannie si effroyable, qu’ils n’eurent pas de peine à sentir que le Libérateur n’avait pas encore paru: car, ne comprenant pas que ce Libérateur n’affranchirait que les âmes, le désir de la liberté charnelle leur faisait implorer sa venue.

  1. Dan. II-VI, XIV. ↩

  2. Jér. XXV, XXIX. ↩

  3. Rom. XIII, 1, 7. ↩

  4. Matt. XVII, 26. ↩

  5. Eph. VI, 5. ↩

  6. I Tim. II, 1, 2. ↩

  7. I Cor. III, 9. ↩

Edition Masquer
De catechizandis rudibus

CAPUT XXI. Captivitas Babylonica et in ea gesta quid significent. Post captivitatem Babylonicam libertas qualis reddita.

37. Post aliquot tamen generationes ostendit alium typum ad rem maxime pertinentem. Nam captivata est illa civitas, et multa pars ejus educta [Col. 0337] in Babyloniam. Sicut autem Jerusalem significat civitatem societatemque sanctorum; sic Babylonia significat civitatem societatemque iniquorum, quoniam dicitur interpretari Confusio. De quibus duabus civitatibus, ab exordio generis humani usque in finem saeculi permixte temporum varietate currentibus, et ultimo judicio separandis, paulo ante jam diximus1. Illa ergo captivitas Jerusalem civitatis, et ille populus in Babyloniam ductus ad servitutem ire jubetur a Domino per Jeremiam illius temporis prophetam. Et exstiterunt reges Babyloniae, sub quibus illi serviebant, qui ex eorum occasione commoti quibusdam miraculis cognoscerent et colerent et coli juberent unum verum Deum, qui condidit universam creaturam2. Jussi sunt autem et orare pro eis a quibus captivi tenebantur, et in eorum pace pacem sperare, ad gignendos filios, et domos aedificandas, et plantandos hortos et vineas. Post septuaginta autem annos promittitur eis ab illa captivitate liberatio3. Hoc autem totum figurate significabat Ecclesiam Christi in omnibus sanctis ejus, qui sunt cives Jerusalem coelestis, servituram fuisse sub regibus hujus saeculi. Dicit enim et apostolica doctrina, ut omnis anima sublimioribus potestatibus subdita sit;]: et ut reddantur omnibus omnia; cui tributum, tributum; cui vectigal, vectigal4; et caetera quae salvo Dei nostri cultu, constitutionis humanae principibus reddimus; quando et ipse Dominus, ut nobis hujus sanae doctrinae praeberet exemplum, pro capite hominis quo erat indutus, tributum solvere non dedignatus est5. Jubentur autem etiam servi christiani et boni fideles dominis suis temporalibus aequanimiter fideliterque servire6: quos judicaturi sunt, si usque in finem iniquos invenerint; aut cum quibus aequaliter regnaturi sunt, si et illi ad verum Deum conversi fuerint. Omnibus tamen praecipitur servire humanis potestatibus atque terrenis, quousque post tempus praefinitum, quod significant septuaginta anni, ab istius saeculi confusione tanquam de captivitate Babyloniae, sicut Jerusalem liberetur Ecclesia. Ex cujus captivitatis occasione ipsi etiam terreni reges desertis idolis, pro quibus persequebantur Christianos, unum verum Deum et Christum Dominum cognoverunt et colunt, pro quibus apostolus Paulus jubet orari, etiam cum persequerentur Ecclesiam. Sic enim dicit: Obsecro itaque primum fieri deprecationes, adorationes, interpellationes, gratiarum actiones, pro regibus, pro omnibus hominibus, et omnibus qui in sublimitate sunt, ut securam et tranquillam vitam agamus cum omni pietate et charitate7. Itaque per ipsos data pax est Ecclesiae, quamvis temporalis, tranquillitas temporalis ad aedificandas spiritualiter domos et plantandos hortos et vineas. Nam et ecce te modo per istum sermonem aedificamus atque plantamus. Et [Col. 0338] hoc fit per totum orbem terrarum cum pace regum christianorum, sicut idem dicit apostolus: Dei agricultura, Dei aedificatio estis8.

38. Et post annos quidem septuaginta, quos mystice prophetaverat Jeremias, ut finem temporum praefiguraret, tamen ut ipsa figura integraretur, facta est in Jerusalem restitutio aedificationis templi Dei: sed quia totum figurate agebatur, non erat firma pax ac libertas reddita Judaeis. Itaque postea a Romanis victi sunt, et tributarii facti. Ex illo sane tempore ex quo terram promissionis acceperunt, et reges habere coeperunt, ne in aliquo regum suorum completum esse arbitrarentur quod eis liberator Christus promittebatur, apertius per multas prophetias prophetatus est Christus; non solum ab ipso David in libro Psalmorum, sed etiam a caeteris et magnis et sanctis prophetis, usque ad tempus captivitatis in Babyloniam: et in ipsa captivitate fuerunt prophetae, qui venturum Dominum Jesum Christum liberatorem omnium prophetarent. Et posteaquam templum transactis septuaginta annis restitutum est, tantas pressuras et calamitates a regibus Gentium Judaei perpessi sunt, ut intelligerent nondum venisse liberatorem, quem non spiritualiter liberaturum intelligebant, sed pro liberatione carnali desiderabant.


  1. Cap. 19. ↩

  2. Dan. II-VI, XIV. ↩

  3. Jerem. XXV, XXIX. ↩

  4. Rom. XIII, 1, 7. ↩

  5. Matth. XVII, 26. ↩

  6. Ephes. VI, 5. ↩

  7. I Tim. II, 1, 2. ↩

  8. I Cor. III, 9.  ↩

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