CHAPITRE XII.
TROISIÈME CAUSE D’ENNUI : DES MOYENS D’Y REMÉDIER.
- Si notre ennui a pour cause l’obligation de revenir sans cesse sur des vérités communes et à la portée des plus jeunes enfants, prenons pour le catéchumène un coeur de frère, de père, de mère : la sympathie nous fera voir le lieu commun sous un jour nouveau. Telle est en effet la puissance de la sympathie, qu’elle établit entre les disciples et le maître une communauté de sentiments qui confond Leurs coeurs en un seul: le disciple semble s’exprimer par la bouche du maître, et le maître s’initier avec ses disciples aux vérités mêmes qu’il enseigne. N’est-ce pas ce qui arrive, quand nous montrons les monuments d’une ville, les sites d’une campagne, à un ami qui ne les avait pas encore visités? La vivacité de son admiration ne rajeunit-elle pas la nôtre pour des beautés à côté desquelles nous passions avec indifférence ? Notre plaisir est d’autant plus vif que nous l’aimons davantage: plus la sympathie est profonde, plus ces merveilles surannées reprennent à nos yeux un air de nouveauté. Si donc nous consacrons nos lumières et notre goût à empêcher nos amis de rester insensibles ou froids en face d’un chef-d’oeuvre du génie de l’homme; si nous sommes enchantés de leur expliquer le plan de l’artiste, et d’élever ainsi leur esprit jusqu’à la beauté et à la grandeur des oeuvres du Créateur, fin suprême et féconde de l’amour; notre enthousiasme ne doit-il pas redoubler, quand on vient apprendre à notre école Celui qui est le but de toute notre science ? Un nouvel auditoire ne doit-il pas raviver nos sentiments et nous communiquer une inspiration originale qui ranime notre parole? Nous trouverions un nouveau motif d’allégresse, en songeant à quelle erreur de mort l’homme doit s’arracher pour arriver à la vie de la foi; La politesse nous fait traverser avec plaisir les rues les plus fréquentées pour indiquer le chemin à une personne égarée ; quel transport de joie ne devons-nous pas éprouver à parcourir dans la science du salut les points mêmes que notre intérêt ne nous oblige pas à revoir, quand nous avons à guider une âme infortunée, lasse des erreurs du monde, dans les sentiers de la paix, et qu’il nous faut répondre a l’ordre de Celui qui nous les a ouverts?