CHAPITRE XXVI. LE DENIER ACCORDÉ A TOUS LES OUVRIERS DE LA VIGNE.
26. Que signifie alors, nous disent-ils, ce denier accordé indistinctement à tous les ouvriers de la vigne, soit à ceux qui avaient travaillé depuis la première heure, soit à ceux qui n'avaient commencé qu'à la onzième1 ? — Et comment ne pas y voir la preuve que tous posséderont en commun le royaume des cieux ou la vie éternelle; dans ce séjour où seront rassemblés tous deux que Dieu a prédestinés, appelés, justifiés et glorifiés? « Il faut », dit l’Apôtre, « que ce corps corruptible révélé l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité » ; tel est le denier ou la récompense commune. «Les étoiles », cependant; «diffèrent l'une de l'autre en splendeur; telle sera aussi la résurrection des morts». Evidemment, il est ici question de la différence des mérites chez les saints. Le denier désigne le ciel, j'y consens ; mais n'est-ce pas au ciel que sont aussi suspendus tous les astres? Et cependant « autre est la gloire du soleil, autre celle de la lune, autre celle des étoiles2». Veut-on voir dans ce denier l'image de la santé du corps? La santé, quand elle existe, n'est-elle pas commune à tous les membres? et si elle persévère jusqu'à la mort, jusque-là aussi elle est leur partage égal. Et cependant « c'est Dieu qui a déplacé ces membres dans le corps, comme il l'a voulu3 », afin que le corps tout entier ne fût pas l’oeil, ne fût pas l'ouïe, l'odorat. Chacune de ces parties a sa spécialité, quoique, pour toutes, la santé soit égale et commune. Ainsi la vie éternelle en elle-même sera le partage de tous les saints; voilà ce que figure le denier accordé à tous les ouvriers. Mais, dans le ciel, les mérites brilleront d'un éclat divers; voilà pourquoi il y a diverses demeures dans la maison de mon Père4. Le denier est le même pour tous quant à sa nature, parce que la vie, au ciel, n'est pas plus longue pour les uns que pour les autres; mais les demeures y sont nombreuses et diverses, parce que la gloire n'y est pas la même pour tous.