32.
Nous trouvons encore la bouche du cœur mentionnée en propres termes dans l'Evangile, au point que le Seigneur nomme dans le même passage la bouche du corps et celle du cœur , quand il dit : « Et vous aussi, êtes-vous sans intelligence ? Ne comprenez-vous point que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre et est rejeté dans un lieu secret; tandis que ce qui sort de la bouche vient du cœur et que c'est là ce qui souille l'homme ? Car du cœur viennent les mauvaises pensées , les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes; c'est là ce qui souille l'homme1 ». Si par bouche vous entendez ici uniquement la bouche du corps, comment expliquerez-vous ces mots : « ce qui sort de la bouche, vient du cœur », puisque les crachats et les vomissements partent aussi de la bouche? A moins peut-être que l'homme ne se souille pas en mangeant quelque chose d'immonde, et ne se souille en le vomissant. Or si c'est là une grande absurdité, il faut nécessairement admettre que le Seigneur parle de la bouche du coeur, quand il dit: «Ce qui sort de la bouche vient du coeur». En effet le vol pouvant se commettre, et se commettant souvent, dans le silence de la voix et de la bouche du corps, ce serait le comble de la folie de s'imaginer qu'un voleur ne se souille que quand il avoue ou trahit son vol, et reste pur quand il le commet en silence. Mais si ces paroles se rapportent vraiment à la bouche du coeur, aucun péché ne peut se commettre en secret, puisqu'il ne s'en commet point qui ne sorte de cette bouche intérieure.
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Matt. XV, 16,20. ↩