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Voilà les trois choses qu'il faut conserver pour être saint : la pudeur du corps, la chasteté de l'âme et la vérité de la doctrine. Personne ne peut perdre la pudeur du corps, sans la Permission et le consentement de l'âme. Car aucun attentat exercé contre notre corps par une force majeure ne peut être qualifié d'impudicité, tant que nous n'en accordons pas la permission et que nous la subissons malgré nous. Parfois il peut y avoir une raison de laisser faire, mais jamais de consentir : car consentir, c'est approuver et vouloir, tandis que l'on peut laisser faire malgré, soi et pour se soustraire à quelque, chose de plus coupable. Il est hors de doute que le consentement à une impudicité corporelle détruit aussi la chasteté de l'âme. En effet la chasteté de l'âme consiste dans la bonne volonté et l'amour sincère, qui ne se perd que quand nous aimons et convoitons ce que la vérité nous défend d'aimer et de convoiter. Il faut donc conserver le sincère amour de Dieu et du prochain, qui sanctifie la chasteté de l'âme, et faire tout notre possible et par des efforts et par d'humbles prières , pour que quand on porte violemment atteinte à la pudeur de notre corps, le sens intérieur de l'âme, lié aux émotions de la chair, n'éprouve aucune délectation, ou si cela ne se peut, que l'âme conserve sa chasteté en refusant tout consentement. Mais, avec la chasteté de l'âme, il faut conserver aussi la probité et la bienveillance, qui tiennent à l'amour du prochain, et la piété qui tient à l'amour de pieu. Par la probité, nous ne faisons de tort à personne ; par la bienveillance, nous rendons les services que nous pouvons rendre; par la piété, nous honorons Dieu. Or le mensonge seul blesse la vérité de la doctrine, de la religion et de la piété : la vérité souveraine et substantielle, de qui cette doctrine dérive, étant hors de toute atteinte. Nous ne pourrons parvenir jusqu'à elle, nous y établir entièrement, nous y attacher solidement, que quand ce corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et ce corps mortel, l'immortalité1. Mais ici-bas toute piété est un mouvement, une tendance vers ce but, et que cet élan a pour guide la doctrine qui nous fait connaître et goûter la vérité elle-même, au moyen de la parole humaine et des signes visibles des sacrements : voilà pourquoi il faut avant tout maintenir pure cette doctrine, en la préservant du mensonge qui peut la corrompre ; afin que si la chasteté de l'âme a souffert quelque brèche, il y ait de quoi la réparer. Car, l'autorité de la doctrine une fois détruite, la chasteté de l'âme ne saurait ni se maintenir ni se restaurer.
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I Cor. XV, 53. ↩