43.
Les hommes sont tellement aveugles que, si nous leur accordions qu'il y a des mensonges exempts de péché, ils ne s'en contenteraient pas, et voudraient que dans certains cas il y eût péché à ne pas mentir; ils sont même allés si loin dans leur apologie du mensonge, qu'ils ont accusé l'apôtre saint Paul d'en avoir dit un de la première espèce, la plus criminelle de toutes. Ils prétendent en effet que dans son épître aux Galates, écrite comme toutes les autres pour enseigner la religion et la piété, il a menti, lorsqu'il a dit de Pierre et de Barnabé: « Quand je vis qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Evangile ». Tout en voulant justifier Pierre de son erreur et de la mauvaise voie où il était entré, ils ne tendent qu'à fausser la voie même de la religion, qui est pour tous celle du salut, en détruisant, en anéantissant l'autorité des Ecritures. Ils ne s'aperçoivent pas que ce n'est pas un simple mensonge, mais un parjure, qu'ils reprochent à l'Apôtre en matière d'enseignement religieux, c'est-à-dire dans une épître où il prêche l'Evangile; car, avant de raconter ce fait, il a dit : « Ce que je vous écris; voici : devant Dieu, je ne mens pas1 ». Mais terminons ici cette discussion.
Tout bien pesé, tout bien considéré, ce que nous devons surtout retenir, ce que nous devons principalement demander, c'est ce que le même apôtre exprime en ces termes : « Dieu est fidèle, et il ne souffrira pas que vous soyez tentés par-dessus vos forces; mais il vous fera tirer profit de la tentation même, afin que vous puissiez persévérer2.
Traduction de M. l'abbé DEVOILLE.