7.
Quant aux exemples de mensonge tirés de l'ancien Testament, les partisans de cette dernière opinion affirment qu'ils n'en sont point' ébranlés. Là, en effet, tous les faits, même réels, peuvent se prendre dans le sens figuré; or, tout ce qui se fait ou se dit en figure, n'est pas mensonge. Car tout énoncé doit se juger d'après le but pour lequel il se produit; et tout ce qui se fait ou se dit en sens figuré énonce ce qu'il signifie pour ceux à l'intelligence de qui il est proposé. Il faut donc croire que les personnages qui ont été entourés de considération dans les temps prophétiques, ont fait ou dit dans un but prophétique tout ce que l'on raconte d'eux dans l'Ecriture ; et que c'est aussi dans un sens prophétique que leur sont survenus tous les événements que le même Esprit de prophétie a jugés dignes d'être transmis par écrit à la postérité. Pour ce qui est des sages-femmes, comme on ne peut dire qu'elles étaient animées de l'esprit prophétique, ni qu'elles songeassent à révéler l'avenir quand elles disaient à Pharaon une chose pour une autre, bien que leur action eût une signification même à leur insu, on prétend du moins qu'elles ont été approuvées et récompensées de Dieu dans la proportion de leur mérite. En effet c'est un grand progrès de mentir pour faire le bien, quand on a l'habitude de mentir pour le mal. Mais autre chose est de proposer une action comme louable en elle-même, autre chose de donner la préférence à une action mauvaise sur une pire. Les félicitations que nous adressons à un homme bien portant ne sont pas celles que nous adressons à un malade qui va mieux. Nous voyons même les Ecritures justifier Sodome par comparaison aux iniquités du peuple d'Israël1. Tous les mensonges cités de l'Ancien Testament, qui n'y sont point blâmés et ne peuvent l'être, les défenseurs de cette opinion les jugent d'après la règle suivante : ou ils sont justifiés par le caractère de ceux qui les prononcent et en qui ils attestent un progrès, et par les espérances qui en résultent; ou leur sens figuré ne permet pas de les appeler mensonges d'une manière absolue.
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Ex. XVI, 52. ↩