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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Contra mendacium Contre le mensonge. À consentius

24.

Quant à l'action de Jacob qui, sur le conseil sa mère, semble tromper son père, si on l'examine attentivement et au flambeau de la foi, on y découvre un mystère et non un mensonge. Autrement, il faudrait traiter de mensonges toutes les paraboles , toutes les figures, qui ne peuvent se prendre à la lettre, mais renfermant un sens mystérieux et symbolique : ce qui ne peut s'admettre. Celui qui penserait ainsi, pourrait en dire autant de toutes les locutions figurées; la métaphore elle-même, qui consiste à transporter un mot de la signification propre à un sens qui lui est étranger, devrait, pour cela même, s'appeler mensonge. En effet quand nous disons que les moissons ondoient, que les vignes poussent des bourgeons (gemmare1, quand nous parlons de la fleur de la jeunesse, de chevelure de neige, évidemment, comme on ne trouve là ni flots, ni perles (gemmas), ni fleurs, ni neige, mais que ces expressions sont empruntées à un autre ordre d'idées, les partisans de ce système devront y voir autant de mensonges. Et le Christ qui est la pierre2 ; et le coeur de pierre des Juifs3, et le Christ qui est lion4, et le diable qui est lion5, et une multitude d'autres locutions de ce genre seront aussi des mensonges.

Et que dira-t-on de cette forme de trope qui va jusqu'à ce qu'on appelle l'antiphrase, quand on prête l'abondance à ce qui n'existe pas, la douceur à ce qui est aigre, qui tire Lucus (bois sacré) de lucere (luire) ; Parques (qui épargnent) de Parco (épargner), précisément parce que le bois est obscur et que les Parques n'épargnent personne? C'est ainsi qu'on lit dans l'Ecriture ces paroles que le démon adresse à Dieu, à propos du saint homme Job: « Et vous verrez s'il ne vous bénit pas en face6», pour: s'il ne vous maudit pas. C'est encore le même terme qu'emploient les calomniateurs de Naboth, quand ils l'accusent d'avoir béni le roi7, c'est-à-dire maudit. Or toutes ces formes de langage seront regardées comme des mensonges, si une parole ou une action figurée est réputée mensonge. Mais s'il n'y a pas mensonge, quand la métaphore a pour but de figurer une vérité, à coup sûr ni ce que Jacob a fait ou dit à son père pour attirer sa bénédiction, ni ce que Joseph a dit à ses frères comme pour les induire en erreur8, ni la folie simulée de David9, ni les autres faits de ce genre ne doivent être regardés comme des mensonges, mais bien comme des paroles ou des actions prophétiques qu'il faut rapporter à quelques vérités proposées à l'intelligence; ce sont comme des voiles figuratifs sous lesquels on enveloppe celles-ci, pour exercer l'âme pieuse et ne pas diminuer leur prix, en les exposant à ses yeux immédiatement et sans nuages. Et quand nous tirons de leur mystérieuse obscurité des faits qui nous sont manifestés ailleurs clairement et ouvertement, la connaissance s'en renouvelle pour ainsi dire, en nous, et ce renouvellement a ses charmes. Si on les cache ainsi, ce n'est point pour en priver les fidèles, mais pour en augmenter le prix à leurs yeux, afin qu'en les dérobant à demi à l'ardeur de leurs désirs, on rende plus vif le plaisir de les trouver. Cependant on les appelle vérités et non mensonges : car ce sont des choses vraies, et non des choses fausses, qui sont exprimées ainsi en parole ou en action; on leur donne même le nom des choses qu'elles figurent. Or on ne les regarde comme des mensonges, que parce qu'on ne les considère pas par rapport aux vérités qu'elles signifient; mais qu'on s'attache aux mots mêmes, qui sont réellement faux.

Pour éclaircir tout cela par des exemples, examine un peu ce qu'a fait Jacob. Il est certain qu'il s'est couvert d'une peau de chevreau; au premier abord, nous taxerons cela de mensonge, car son intention était d'être pris pour ce qu'il n'était pas. Mais si nous faisons attention au tlut figuré auquel le fait se rapportait réellement, nous trouverons que la peau de chevreau et celui qui s'en est revêtu, représentaient celui qui a porté des péchés qui n'étaient pas les siens, des iniquités qui lui étaient étrangères. Une signification vraie ne peut donc en aucune façon être appelée mensonge. Or il en est des actions comme des paroles. Quand Isaac demanda à Jacob : « Qui es-tu, mon fils? » il répondit : « Je suis Esaü, votre premier-né10 ». A ne considérer que les deux jumeaux, c'était un mensonge ; mais si ces paroles et ces actions sont prises dans leur sens figuré, on retrouvera dans son corps, qui est l'Eglise, Celui qui a dit, par allusion à cet événement : « Quand vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les Prophètes dans le royaume de Dieu et vous chassés dehors. Et il en viendra de l'orient et de l'occident, et de l'aquilon et du midi, et ils auront place au festin dans le royaume de Dieu ; et ce sont les derniers qui seront les premiers, et ce sont les premiers qui seront les derniers11 ». C'est ainsi que le plus jeune a en quelque sorte enlevé la primogéniture et l'a transportée sur sa tête.

Quand donc le sens est si clair et si vrai, pourquoi chercher ici un mensonge dans la parole ou dans l'action? Lorsque les choses signifiées sont, non pas en dehors de la vérité, mais ou passées, ou présentes, ou futures, évidemment la signification est vraie, et il n'y a pas de mensonges. Il serait trop long de tout étudier en détail, au point de vue prophétique; mais partout la vérité triomphe, parce que l'événement a fait clairement ressortir tout ce que la figure avait annoncé.


  1. La pensée du Saint repose ici sur le double sens du mot latin gemma qui signifie tout à la fois bourgeon et pierre précieuse : ce que la traduction française ne saurait rendre.  ↩

  2. I Cor. V, 4.  ↩

  3. Ez. XXXXVI, 26.  ↩

  4. Ap. V, 5. ↩

  5. I Pierre; V, 8.  ↩

  6. Job, II, 5.  ↩

  7. III Rois, XXI, 13.  ↩

  8. Gen. XLII.  ↩

  9. I Rois, XXI, 13. ↩

  10. Gen. XXXVI, 16-19.  ↩

  11. Luc, XIII, 28-30. ↩

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Contre le mensonge. À consentius

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