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Werke Augustinus von Hippo (354-430) De opere monachorum Du travail des Moines

CHAPITRE XXIII. LES PARESSEUX ENTENDENT MAL L'ÉVANGILE. L'AUTEUR LES PLAISANTE. — MOINES QUI S'ENFERMENT, POUR N'ÊTRE VUS DE PERSONNE DURANT PLUSIEURS JOURS. — LE PRÉCEPTE ÉVANGÉLIQUE DE NE PAS SONGER AU LENDEMAIN EST EN ACCORD AVEC LE TEXTE DE L'APÔTRE.

27. Voici maintenant qu'à l'encontre d'un Apôtre de Jésus-Christ, les adversaires nous citent l'Evangile de Jésus-Christ. Admirable travail de paresseux, qui voudraient empêcher au nom de l'Evangile, une conduite que saint Paul nous prescrit et qu'il a tenue lui-même pour ne pas créer d'empêchements à l'Evangile ! Et cependant si nous voulions les forcer de vivre selon la lettre de l'Evangile interprétée même encore d'après leur manière, ils seraient les premiers à s'efforcer de nous convaincre qu'il ne faut point entendre ces textes au sens qu'eux-mêmes leur donnent. La raison, en effet, la seule raison qui leur fasse dire qu'ils ne doivent point travailler, c'est que les oiseaux du ciel ne sèment point, ne moissonnent point, et que le Seigneur nous a proposé leur exemple pour ne pas penser à ces sortes de besoins. Pourquoi donc ne pas étudier dans le même sens la suite du texte ? Il n'est pas seulement dit que les oiseaux ne sèment ni ne moissonnent; le livre saint ajoute encore : « qu'ils n'amassent point dans des apothèques1 ». Or, cette expression peut se traduire par greniers, ou même littéralement, par dépôts de réserve. Pourquoi donc nos gens veulent-ils avoir mains oisives et pleins greniers? Pourquoi amasser et conserver ce qu'ils reçoivent du travail d'autrui, afin d'y puiser chaque jour? Pourquoi faire moudre le grain et cuire les aliments? Les oiseaux du ciel ne font rien de semblable. — D'ailleurs, se trouve des obligeants qui se laissent persuader de faire faire pour nos moines tous ces ouvrages, jusqu'à leur apporter jour par jour les aliments tout préparés, du moins estce par eux-mêmes qu'ils vont chercher l'eau à la fontaine, ou la prendre aux puits et citernes pour leur usage immédiat: autant de choses que ne font point les oiseaux.

Après tout même, si l'on veut, admettons que de bons fidèles, des sujets tout dévoués au Roi immortel des siècles, s'empressent de se mettre au service des plus vaillants soldats de Dieu, jusqu'à leur épargner la peine même de remplir une urne d'eau. Ainsi ferait-on peut-être, si nos moines, par un degré inouï de perfection, avaient surpassé les premiers chrétiens de Jérusalem. En effet, quand ceux-ci furent menacés d'une famine déjà prédite par les prophètes de leur Eglise2, les bons fidèles de la Grèce leur envoyèrent du grain, dont je suppose qu'à Jérusalem on fit ou fit faire du pain: encore un soin que ne prennent pas les oiseaux.

Enfin, admettons ce que j'ai commencé à déclarer déjà; admettons que nos gens ont surpassé d'un degré quelconque de perfection les chrétiens héroïques de Jérusalem. Si, pour tout ce qui a trait aux besoins les plus élémentaires de la vie, ils font comme les oiseaux, ils ont à démontrer encore que les hommes servent les oiseaux comme eux-mêmes voudraient être servis. Or, l'on ne traite ainsi que les oiseaux captifs et renfermés auxquels on ne se fie pas et dont on craint qu'ils ne s'envolent pour ne plus revenir. Encore ceux-ci préfèrent-ils jouir de leur liberté et prendre leur nécessaire dans les champs, plutôt que de le recevoir tout servi et préparé de la main des hommes.

28. Poursuivons. — Nos gens se verront surpassés par un nouveau et plus sublime degré de perfection. D'autres, en effet, se feront une règle de sortir tous les jours dans nos campagnes, comme le bétail au pâturage, afin d'y ramasser ce qu'ils trouveront pendant un temps convenable, et de ne rentrer que rassasiés et repus. Qu'il serait bien aussi toutefois, qu'à cause des gardes, le Seigneur daignât accorder des ailes à ces serviteurs de Dieu, puisqu'en les trouvant ainsi dans les propriétés particulières, on pourrait bien non pas les arrêter comme voleurs, mais leur donner la chasse, comme à des étourneaux !En cas pareil, celui-là imiterait l'oiseau autant que possible, qui pourrait ne jamais se laisser prendre par le chasseur.

Eh bien !que tous octroient aux serviteurs de Dieu, sortie parfaitement libre et à leur gré sur tous les champs, avec droit d'en revenir en toute sûreté après réfection convenable. Ainsi une loi avait-elle prescrit au peuple d'Israël que personne n'arrêterait dans son champ aucun individu comme voleur, sauf celui qui voudrait emporter avec lui quelque objet3 qu'on laissât aller par conséquent libre et impuni l'homme qui n'aurait touché que ce qu'il aurait mangé. D'après ce principe, quand les disciples du Seigneur prirent quelques épis, les Juifs les accusèrent de violer le sabbat et non d'être voleurs4. Mais comment faire aux époques de l'année où l'on ne trouve pas dans les champs la nourriture toute prête à manger? Essayez donc d'emporter chez vous des aliments que vous devez faire cuire et apprêter; on vous dira, en vous appliquant dans votre sens même un texte de l'Evangile : Laissez ; les oiseaux du ciel ne font point comme vous!

29. Faisons encore une concession. L'on pourra, durant toute l'année, trouver dans les champs, soit sur les arbres, soit dans les herbages, soit parmi les racines, des aliments susceptibles d'être mangés sans cuisson préalable. On se donnera d'ailleurs assez d'exercice et de mouvement, pour que les mets qui d'ordinaire veulent être cuits, se mangent crus sans inconvénient. Il sera possible aussi de sortir pour trouver sa pâture, même pendant les plus grandes rigueurs de l'hiver. Ainsi n'aura-t-on besoin ni d'enlever un aliment pour aller le préparer, ni de rien réserver pour le lendemain.

Voilà encore un régime de vie impraticable à des hommes qui s'isolent de la société pendant de longs jours, sans permettre d'ailleurs qu'on entre chez eux, et qui s'enferment ainsi pour vivre dans une plus grande ferveur d'oraison. Ils ont l'habitude, en effet, d'enfermer avec eux des provisions vulgaires et de peu de prix, mais suffisantes toutefois pour tout le temps où ils ont résolu de se cacher à tout regard humain. Encore une chose que ne font point les oiseaux.

Lorsqu'ils s'abandonnent, au reste , à ces pieux exercices d'un admirable recueillement, ayant d'ailleurs tous les loisirs de s'y livrer, et qu'ils nous appellent, non par une orgueilleuse enflure mais par une sainteté charitable, à suivre leurs exemples, je suis si loin de les blâmer, que j'avoue ne pouvoir les louer comme ils le méritent. Mais que dirons-nous de ces hommes, cependant, si d'après leur sens même , nous invoquons l’Evangile ? Oserons-nous leur déclarer que plus ils sont saints, moins ils ressemblent aux oiseaux ? Car, à moins de mettre en réserve la nourriture de plusieurs jours, ils ne pourront , comme ils le font, s'astreindre à la clôture. Et il leur faut, comme nous, entendre cette parole évangélique : « Ne pensez pas au lendemain5 ».

30. Disons, pour nous résumer en quelques mots :

Ceux qui s'essaient à renverser les maximes si évidentes de l'Apôtre en leur opposant un texte si mal compris de l’Evangile, devraient aussi ou ne point penser au lendemain, à l'imitation des oiseaux du ciel, ou se soumettre à saint Paul, comme des fils bien-aimés; je dis mieux, ils devraient faire l'un et l'autre, parce que les deux recommandations concordent. Non, Paul, serviteur de Jésus-Christ6, ne pourrait donner un conseil contraire à celui de son Maître.

Voici donc ce que nous leur dirons hautement : Si, d'après votre manière d'entendre les oiseaux du ciel dans l’Evangile, vous ne voulez pas vous procurer par le travail de vos mains la nourriture et le vêtement, gardez-vous aussi de rien mettre en réserve pour le lendemain, car les oiseaux ne font point de réserves pareilles. — Si, au contraire, on peut se permettre des provisions pour le lendemain sans aller contre le texte de l'Evangile où il est dit : « Considérez les oiseaux du ciel; ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n'amassent point dans les greniers7 », on peut aussi n'aller ni contre l’Evangile ni contre l'exemple des oiseaux, en gagnant cette vie charnelle par le travail du corps.


  1. Matt. VI, 26. ↩

  2. Act. XI, 28-30. ↩

  3. Deut. XXIII, 24, 25.  ↩

  4. Matt. XII, 1, 2. ↩

  5. Matt. VI, 34.  ↩

  6. Ibid.  ↩

  7. Rom. I, 1. ↩

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