CHAPITRE VII. CONSTANTINOPLE ET ROME.
8. Que dirons-nous donc? Etait-ce sa colère, ou n'était-ce pas plutôt sa miséricorde que Dieu faisait éclater? Peut-on douter qu'en sa qualité de Père très-miséricordieux il ait voulu corriger et punir en effrayant et non en détruisant, puisque le fléau suspendu sur leur tête ne porta aucune atteinte ni aux personnes, ni aux maisons ni aux murailles de la ville? On voit parfois un père lever la main pour frapper son enfant coupable et lui pardonner à cause de ses supplications et de son repentir-, Dieu fit de même à l'égard de cette cité malheureuse. Cependant, lorsque toute la population se fut retirée, si le Seigneur avait frappé la ville et l'avait détruite comme il a détruit Sodome; même alors pourrait-on douter de la miséricorde de Dieu à l'égard des habitants qu'il aurait prévenus du désastre en les invitant à prendre la fuite? Eh bien ! l'on ne doit pas douter davantage de la miséricorde exercée par Dieu à l'égard de la ville de Rome, puisqu'avant l'incendie allumé par les ennemis il avait permis qu'une multitude de ses habitants en sortissent. On vit donc disparaître et ceux qui s'enfuirent et ceux que la mort vint frapper; et même parmi ceux qui restèrent il y en eut un grand nombre qui se cachèrent, et beaucoup d'autres qui trouvèrent dans les lieux saints un refuge assuré contre la mort. Le malheur qui est venu fondre sur Rome, n'est donc pas une destruction mais un châtiment dont Dieu se servit pour la convertir. N'est-il pas dit dans l'Evangile que le serviteur qui connaît la volonté de son maître, et s'obstine à faire le mal, sera frappé de verges1?
Luc, XII, 47. ↩
