Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput I: Causam Romani imperii omniumque regnorum nec fortuitam esse nec in stellarum positione consistere.
Causa ergo magnitudinis imperii Romani nec fortuita est nec fatalis secundum eorum sententiam siue opinionem, qui ea dicunt esse fortuita, quae uel nullas causas habent uel non ex aliquo rationabili ordine uenientes, et ea fatalia, quae praeter dei et hominum uoluntatem cuiusdam ordinis necessitate contingunt. prorsus diuina prouidentia regna constituuntur humana. quae si propterea quisquam fato tribuit, quia ipsam dei uoluntatem uel potestatem fati nomine appellat, sententiam teneat, linguam corrigat. cur enim non hoc primum dicit, quod postea dicturus est, cum ab illo quisquam quaesierit quid dixerit fatum? nam id homines quando audiunt, usitata loquendi consuetudine non intellegunt nisi uim positionis siderum, qualis est quando quis nascitur siue concipitur; quod aliqui alienant a dei uoluntate, aliqui ex illa etiam hoc pendere confirmant. sed illi, qui sine dei uoluntate decernere opinantur sidera quid agamus uel quid bonorum habeamus malorumue patiamur, ab auribus omnium repellendi sunt, non solum eorum qui ueram religionem tenent sed qui deorum qualiumcumque, licet falsorum, uolunt esse cultores. haec enim opinio quid agit aliud, nisi ut nullus omnino colatur aut rogetur deus? contra quos modo nobis disputatio non est instituta, sed contra hos qui pro defensione eorum, quos deos putant, Christianae religioni aduersantur. illi uero, qui positionem stellarum quodammodo decernentium qualis quisque sit et quid ei proueniat boni quidue mali accidat ex dei uoluntate suspendunt, si easdem stellas putant habere hanc potestatem traditam sibi a summa illius potestate, ut uolentes ista decernant: magnam caelo faciunt iniuriam, in cuius uelut clarissimo senatu ac splendidissima curia opinantur scelera facienda decerni, qualia si aliqua terrena ciuitas decreuisset, genere humano decernente fuerat euertenda. quale deinde iudicium de hominum factis deo relinquitur, quibus caelestis necessitas adhibetur, cum dominus ille sit et siderum et hominum? aut si non dicunt stellas, accepta quidem potestate a summo deo, arbitrio suo ista decernere, sed in talibus necessitatibus ingerendis illius omnino iussa conplere: ita ne de ipso deo sentiendum est, quod indignissimum uisum est de stellarum uoluntate sentire? quodsi dicuntur stellae significare potius ista quam facere, ut quasi locutio quaedam sit illa positio praedicens futura, non agens - non enim mediocriter doctorum hominum fuit ista sententia - : non quidem ita solent loqui mathematici, ut uerbi gratia dicant: Mars ita positus homicidam significat, sed: homicidam facit.; uerumtamen ut concedamus non eos ut debent loqui et a philosophis accipere oportere sermonis regulam ad ea praenuntianda, quae in siderum positione reperire se putant: quid fit, quod nihil umquam dicere potuerunt, cur in uita geminorum, in actionibus, in euentis, in professionibus, artibus, honoribus ceteris que rebus ad humanam uitam pertinentibus atque in ipsa morte sit plerumque tanta diuersitas, ut similiores eis sint, quantum ad haec adtinet, multi extranei quam ipsi inter se gemini perexiguo temporis interuallo in nascendo separati, in conceptu autem per unum concubitum uno etiam momento seminati?
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE PREMIER.
LA DESTINÉE DE L’EMPIRE ROMAIN ET CELLE DE TOUS LES AUTRES EMPIRES NE DÉPENDENT NI DE CAUSES FORTUITES, NI DE LA POSITION DES ASTRES.
La cause de la grandeur de l’empire romain n’est ni fortuite, ni fatale, à prendre ces mots dans le sens de ceux qui appellent fortuit ce qui arrive sans cause ou ce dont les causes ne se rattachent à aucun ordre raisonnable, et fatal, ce qui arrive sans la volonté de Dieu ou des hommes, en vertu d’une nécessité inhérente à l’ordre des choses. Il est hors de doute, en effet, que c’est la providence de Dieu qui établit les royaumes de la terre; et si quelqu’un vient soutenir qu’ils dépendent du destin, en appelant destin la volonté de Dieu ou sa puissance, qu’il garde son sentiment, mais qu’il corrige son langage. Car pourquoi ne pas dire tout d’abord ce qu’il dira ensuite quand on lui demandera ce qu’il entend par destin? Le destin, en effet, dans le langage ordinaire, désigne l’influence de la position des astres sur les événements, comme il arrive, dit-on, à la naissance d’une personne ou au moment qu’elle est conçue. Or, les uns veulent que cette influence ne dépende pas de la volonté de Dieu, les autres qu’elle en dépende.
Mais, à dire vrai, le sentiment qui affranchit nos actions de la volonté de Dieu, et fait dépendre des astres nos biens et nos maux, doit être rejeté, non-seulement de quiconque professe la religion véritable, mais de ceux-là mêmes qui en ont une fausse, quelle qu’elle soit. Car où tend cette opinion, si ce n’est à supprimer tout culte et toute prière? Mais ce n’est pas à ceux qui la soutiennent que nous nous adressons présentement; nos adversaires sont les païens qui, pour la défense de leurs dieux, font la guerre à la religion chrétienne. Quant à ceux qui font dépendre de la volonté de Dieu la position des étoiles, s’ils croient qu’elles tiennent de lui, par une sorte de délégation de son autorité, le pouvoir de décider à leur gré de la destinée et du bonheur des hommes, ils font une grande injure au ciel de s’imaginer que dans cette cour brillante, dans ce sénat radieux, on ordonne des crimes tellement énormes qu’un Etat qui en ordonnerait de semblables, verrait le genre humain tout entier se liguer pour le détruire. D’ailleurs, si les astres déterminent nécessairement les actions des hommes, que reste-t-il à la décision de Celui qui est le maître des astres et des hommes? Dira-t-on que les étoiles ne tiennent pas de Dieu le pouvoir de disposer à leur gré des choses humaines, mais qu’elles se bornent à exécuter ses ordres ? Nous demanderons comment il est possible d’imputer à la volonté de Dieu ce qui serait indigne de celle des étoiles. Il ne reste donc plus qu’à soutenir, comme ont fait quelques hommes1 d’un rare savoir, que les étoiles ne font pas les événements, mais qu’elles les annoncent, qu’elles sont des signes et non des causes. Je réponds que les astrologues n’en parlent pas de la sorte. Ils ne disent pas, par exemple: Dans telle position Mars annonce un assassin; ils disent Mars fait un assassin. Je veux toutefois qu’ils ne s’expliquent pas exactement, et qu’il faille les renvoyer aux philosophes pour apprendre d’eux à s’énoncer comme il faut, et à dire que les étoiles annoncent ce qu’ils disent qu’elles font; d’où vient qu’ils n’ont jamais pu rendre compte de la diversité qui se rencontre dans la vie de deux enfants jumeaux, dans leurs actions, dans leur destinée, dans leurs professions, dans leurs talents, dans leurs emplois, en un mot dans toute la suite de leur existence et dans leur mort même ; diversité quelquefois si grande, que des étrangers leur sont plus semblables qu’ils ne le sont l’un à l’autre, quoiqu’ils n’aient été séparés dans leur naissance que par un très-petit espace de temps, et que leur mère les ait conçus dans le même moment?
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Il y a peut-être ici une allusion à origène. Voyez sur ce point Eusèbe, Praepar. evang., lib. VI, cap II. ↩