Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Praefatio
Quinque superioribus libris satis mihi aduersus eos uideor disputasse, qui multos deos et falsos, quos esse inutilia simulacra uel inmundos spiritus et perniciosa daemonia uel certe creaturas, non creatorem ueritas Christiana conuincit, propter uitae huius mortalis rerumque terrenarum utilitatem eo ritu ac seruitute, quae Graece λατρεία dicitur et uni uero deo debetur, uenerandos et colendos putant. et nimiae quidem stultitiae uel pertinaciae nec istos quinque nec ullos alios quanticumque numeri libros satis esse posse quis nesciat, quando ea putatur gloria uanitatis, nullis cedere uiribus ueritatis, in perniciem utique eius, cui uitium tam inmane dominatur. nam et contra omnem curantis industriam non malo medici, sed aegroti insanabilis morbus inuictus est. hi uero, qui ea quae legunt uel sine ulla uel non cum magna ac nimia ueteris erroris obstinatione intellecta et considerata perpendunt, facilius nos isto numero terminatorum quinque uoluminum plus, quam quaestionis ipsius necessitas postulabat, quam minus disseruisse iudicabunt, totamque inuidiam, quam Christianae religioni de huius uitae cladibus terrenarum que contritione ac mutatione rerum inperiti facere conantur, non solum dissimulantibus, sed contra suam conscientiam etiam fauentibus doctis, quos inpietas uesana possedit, omnino esse inanem rectae cogitationis atque rationis plenamque leuissimae temeritatis et perniciosissimae animositatis dubitare non poterunt.
Übersetzung
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La cité de dieu
PRÉFACE.
Je crois avoir assez réfuté, dans les cinq livres précédents, ceux qui pensent qu’on doit honorer d’un culte de latrie1, lequel n’est dû qu’au seul vrai Dieu, toutes ces fausses divinités, convaincues par la religion chrétienne d’être de vains simulacres, des esprits immondes ou des démons, en un mot, des créatures et non le Créateur. Je n’ignore pas toutefois que ces cinq livres et mille autres ne puissent suffire à satisfaire les esprits opiniâtres. La vanité ne se fait-elle pas un point d’honneur de résister à toutes les forces de la vérité? et cependant le vice hideux de l’obstination tourne contre les malheureux mêmes qui en sont subjugués. C’est une maladie incurable, non par la faute du médecin, mais par celle du malade. Quant à ceux qui pèsent ce qu’ils ont lu et le méditent sans opiniâtreté, ou du moins sans trop d’attachement à leurs vieilles erreurs, ils jugeront, j’espère, que nous avons plus que suffisamment résolu la question proposée, et que le seul reproche qu’on nous puisse adresser est celui d’une surabondance excessive. Je crois aussi qu’ils se convaincront aisément que cette haine, qu’on excite contre la religion chrétienne à l’occasion des calamités et des bouleversements du monde, passion aveugle ressentie par des ignorants, mais que des hommes très-savants, possédés par une rage impie, ont soin de fomenter contre le témoignage de leur conscience, toute cette haine est l’ouvrage de la légèreté et du dépit, et n’a aucun motif raisonnable.
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Nous avons dit plus haut (livre V, ch. 15) que la théologie chrétienne distingue deux sortes de cultes : le culte de dulie (du grec douleia), et le culte de latrie (du grec latreia). Sans insister sur les différences d’étymologie, nous emprunterons à saint Augustin lui-même (Quœst. in Exod., qu. 94) la définition précise de ces deux cultes On doit à Dieu, dit-il, le culte de doue à titre de Seigneur; on lui doit celui de latrie à titre de Dieu et à ce titre seul » . — Voyez plus loin le livre X, chap. 1. ↩