Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput IV: Cur ab his, qui per gratiam regenerationis absoluti sunt a peccato, non auferatur mors, id est poena peccati.
Si quem uero mouet, cur uel ipsam patiantur, si et ipsa peccati poena est, quorum per gratiam reatus aboletur, iam ista quaestio in alio nostro opere, quod scripsimus de baptismo paruulorum, tractata ac soluta est; ubi dictum est ad hoc relinqui animae experimentum separationis a corpore, quamuis ablato iam criminis nexu, quoniam, si regenerationis sacramentum continuo sequeretur inmortalitas corporis, ipsa fides eneruaretur, quae tunc est fides, quando expectatur in spe, quod in re nondum uidetur. fidei autem robore atque certamine, in maioribus dumtaxat aetatibus, etiam mortis fuerat superandus timor, quod in sanctis martyribus maxime eminuit; cuius profecto certaminis esset nulla uictoria, nulla gloria - quia nec ipsum omnino posset esse certamen - , si post lauacrum regenerationis iam sancti non possent mortem perpeti corporalem. cum paruulis autem baptizandis quis non ad Christi gratiam propterea potius curreret, ne a corpore solueretur? atque ita non inuisibili praemio probaretur fides, sed iam nec fides esset, confestim sui operis quaerendo et sumendo mercedem. nunc uero maiore et mirabiliore gratia saluatoris in usus iustitiae peccati poena conuersa est. tunc enim dictum est homini: morieris, si peccaueris: nunc dicitur martyri: morere, ne pecces. tunc dictum est: si mandatum transgressi fueritis, morte moriemini; nunc dicitur: si mortem recusaueritis, mandatum transgrediemini. quod tunc timendum fuerat, ut non peccaretur, nunc suscipiendum est, ne peccetur. sic per ineffabilem dei misericordiam et ipsa poena uitiorum transit in arma uirtutis, et fit iusti meritum etiam supplicium peccatoris. tunc enim mors est adquisita peccando, nunc inpletur iustitia moriendo. uerum hoc in sanctis martyribus, quibus alterutrum a persecutore proponitur, ut aut deserant fidem aut sufferant mortem. iusti enim malunt credendo perpeti, quod sunt primi iniqui non credendo perpessi. nisi enim peccassent illi, non morerentur; peccabunt autem isti, nisi moriantur. mortui ergo sunt illi, quia peccauerunt; non peccant isti, quia moriuntur. factum est per illorum culpam, ut ueniretur in poenam; fit per istorum poenam, ne ueniatur in culpam; non quia mors bonum aliquod facta est, quae antea malum fuit; sed tantam deus fidei praestitit gratiam, ut mors, quam uitae constat esse contrariam, instrumentum fieret, per quod transiretur ad uitam.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE IV.
POURQUOI CEUX QUI SONT ABSOUS DU PÉCHÉ PAR LE BAPTÊME SONT ENCORE SUJETS A LA MORT, QUI EST LA PEINE DU PÉCHÉ.
On dira: si la mort est la peine du péché, pourquoi ceux dont le péché est effacé par le baptême sont-ils également sujets à la mort? c’est une question que nous avons déjà discutée et résolue dans notre ouvrage Du baptême des enfants1, où nous avons dit que la séparation de l’âme et du corps est une épreuve à laquelle l’âme reste encore soumise, quoique libre du lien du péché, parce que, si le corps devenait immortel aussitôt après le baptême, la foi en serait affaiblie. Or, la foi n’est vraiment la foi que quand on attend dans l’espérance ce qu’ors ne voit pas encore dans la réalité2, c’est elle qui, dans les temps passés du moins, élevait les âmes au-dessus de la crainte de la mort: témoins ces saints martyrs en qui la foi n’aurait pu remporter tant d’illustres victoires sur la mort, s‘ils avaient été immortels. D’ailleurs, qui n’accourrait au baptême avec les petits enfants, si le baptême délivrait de la mort? Tant s’en faut donc que la foi fût éprouvée par la promesse des récompenses invisibles, qu’il n’y aurait pas de foi, puisqu’elle chercherait et recevrait à l’heure même sa récompense; tandis que, dans la nouvelle loi, par une grâce du Sauveur bien plus grande et bien plus admirable, la peine du péché est devenue un sujet de mérite. Autrefois il était dit à l’homme : Vous mourrez, si vous péchez; aujourd’hui il est dit aux martyrs : Mourez, pour ne pécher point. Dieu disait aux premiers hommes : « Si vous désobéissez, vous mourrez3 » ; il nous dit présentement : « Si vous fuyez la mort vous désobéirez ». Ce qu’il fallait craindre autrefois, afin de ne pécher point, est ce qu’il faut maintenant souffrir, de crainte de pécher. Et de la sorte, par la miséricorde ineffable de Dieu, la peine du crime devient l’instrument de la vertu; ce qui faisait le supplice du pécheur fait le mérite du juste, et la mort qui a été la peine du péché est désormais l’accomplissement de la justice. Mais il n’en est ainsi que pour les martyrs à qui leurs persécuteurs donnent le choix ou de renoncer à la foi, ou de souffrir la mort; car les justes aiment mieux souffrir, en croyant, ce que les premiers prévaricateurs ont souffert pour n’avoir pas cru. Si ceux-ci n’avaient point péché, ils ne seraient pas morts; et les martyrs pèchent, s’ils ne meurent. Les uns sont donc morts parce qu’ils ont péché; les autres ne pèchent point parce qu’ils meurent. La faute des premiers a amené la peine, et la peine des seconds prévient la faute: non que la mort, qui était un mal, soit devenue un bien, mais Dieu a fait à la foi une telle grâce que la mort, qui est le contraire de la vie, devient l’instrument de la vie même.
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Saint Augustin désigne ainsi un traité qu’il avait d’abord intitulé De peccatorum meritis et remissione; plus tard, en ses Rétractations, il modifia ce titre en y ajoutant et de baptismo parvulorum. ↩
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Saint Augustin se souvient ici de ces paroles de saint Paul, si profondes en leur concision énigmatique : « La foi est la réalité de ce qu’on espère et la certitude de ce qu’on ne voit pas ». ↩
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Gen. II, 17. ↩