Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput II: De filiis carnis et filiis promissionis.
Vmbra sane quaedam ciuitatis huius et imago prophetica ei significandae potius quam praesentandae seruiuit in terris, quo eam tempore demonstrari oportebat, et dicta est etiam ipsa ciuitas sancta merito significantis imaginis, non expressae, sicut futura est, ueritatis. de hac imagine seruiente et de illa, quam significat, libera ciuitate sic apostolus ad Galatas loquitur: dicite mihi, inquit, sub lege uolentes esse legem non audistis? scriptum est enim, quod Abraham duos filios habuit, unum de ancilla et unum de libera. sed ille quidem, qui de ancilla, secundum carnem natus est; qui autem de libera, per repromissionem; quae sunt in allegoria. haec enim sunt duo testamenta, unum quidem a monte Sina in seruitutem generans, quod est Agar; Sina enim mons est in Arabia, quae coniuncta est huic quae nunc est Hierusalem; seruit enim cum filiis suis. quae autem sursum est Hierusalem, libera est, quae est mater nostra. scriptum est enim: laetare sterilis, quae non paris, erumpe et exclama, quae non parturis; quoniam multi filii desertae, magis quam eius quae habet uirum. nos autem, fratres, secundum Isaac promissionis filii sumus. sed sicut tunc, qui secundum carnem natus fuerat, persequebatur eum, qui secundum spiritum: ita et nunc. sed quid dicit scriptura? eice ancillam et filium eius; non enim heres erit filius ancillae cum filio liberae. nos autem, fratres, non sumus ancillae filii, sed liberae, qua libertate Christus nos liberauit. haec forma intellegendi de apostolica auctoritate descendens locum nobis aperit, quemadmodum scripturas duorum testamentorum, ueteris et noui, accipere debeamus. pars enim quaedam terrenae ciuitatis imago caelestis ciuitatis effecta est, non se significando, sed alteram, et ideo seruiens. non enim propter se ipsam, sed propter aliam significandam est instituta, et praecedente alia significatione et ipsa praefigurans praefigurata est. namque Agar ancilla Sarrae eiusque filius imago quaedam huius imaginis fuit; et quoniam transiturae erant umbrae luce ueniente, ideo dixit libera Sarra, quae significabat liberam ciuitatem, cui rursus alio modo significandae etiam illa umbra seruiebat: eice ancillam et filium eius; non enim heres erit filius ancillae cum filio meo Isaac, quod ait apostolus: cum filio liberae. inuenimus ergo in terrena ciuitate duas formas, unam suam praesentiam demonstrantem, alteram caelesti ciuitati significandae sua praesentia seruientem. parit autem ciues terrenae ciuitatis peccato uitiata natura, caelestis uero ciuitatis ciues parit a peccato naturam liberans gratia unde illa uocantur uasa irae, ista uasa misericordiae. significatum est hoc etiam in duobus filiis Abrahae, quod unus de ancilla, quae dicebatur Agar, secundum carnem natus est Ismael, alter est autem de Sarra libera secundum repromissionem natus Isaac. uterque quidem de semine Abrahae; sed illum genuit demonstrans consuetudo naturam, illum uero dedit promissio significans gratiam; ibi humanus usus ostenditur, hic diuinum beneficium commendatur.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE II.
DES FILS DE LA TERRE ET DES FILS DE PROMISSION.
Il a existé sur la terre, à la vérité, une ombre et une image prophétique de cette cité, pour en être le signe obscur plutôt que la représentation expresse, et cette image a été appelée elle-même la cité sainte, comme le symbole et non comme la réalité de ce qui doit s’accomplir un jour. C’est de cette image inférieure et subordonnée dans son contraste
avec la cité libre qu’elle marquait, que l’Apôtre parle ainsi aux Galates: « Dites-moi, je vous prie, vous qui voulez être sous la loi, n’avez-vous point ouï ce que dit la loi? Car il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un de la servante et l’autre de la femme libre. Mais celui qui naquit de la servante naquit selon la chair, et celui qui naquit de la femme libre naquit en vertu de la promesse de Dieu. Or, tout ceci est une allégorie. Ces deux femmes sont les deux alliances, dont la première, qui a été établie sur le mont Sina et qui n’engendre que des esclaves, est figurée par Agar. Agar est en figure la même chose que Sina, montagne d’Arabie, et Sina représente la Jérusalem terrestre qui est esclave avec ses enfants, au lieu que la Jérusalem d’en haut est vraiment libre, et c’est elle qui est notre mère; car il est écrit : Réjouissez-vous, stériles qui n’enfantez point ; poussez des cris de joie, vous qui ne concevez point; car celle qui était délaissée a plus d’enfants que celle qui a un mari. Nous sommes donc, mes frères, les enfants de la promesse, ainsi qu’Isaac. Et comme alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’esprit, il en est encore de même aujourd’hui. Mais que dit l’Ecriture? Chassez la servante et son fils; car le fils de la servante ne sera point héritier avec le fils de la femme libre. Or, mes frères, nous ne sommes point les enfants de la servante, mais de la femme libre; et c’est Jésus-Christ qui nous a acquis cette liberté1 ». Cette explication de l’Apôtre nous apprend comment nous devons entendre les deux Testaments. Une partie de la cité de la terre est devenue une image de la cité du ciel. Elle n’a pas été établie pour elle-même, mais pour être le symbole d’une autre; et ainsi la cité de la terre, image de la cité du ciel, a en elle-même une image qui la représentait. En effet, Agar, servante de Sarra, et son fils étaient en quelque façon une image de cette image, une figure de cette figure; et comme, à l’arrivée de la lumière, les ombres devaient s’évanouir, Sarra, qui était la femme libre et signifiait la cité libre, laquelle figurait elle-même la Jérusalem terrestre, dit: « Chassez la servante et son fils; car le fils de la servante ne sera point héritier avec mon fils Isaac », ou, comme dit l’Apôtre: « Avec le fils de la femme libre ». Nous trouvons donc deux choses dans la cité de la terre, d’abord la figure d’elle-même, et puis celle de la cité du ciel qu’elle représentait. Or, la nature corrompue par le péché enfante les citoyens de la cité de la terre, et la grâce, qui délivre la nature du péché, enfante les citoyens de la cité du ciel; d’où vient que ceux-là sont appelés des vases de colère, et ceux-ci des vases de miséricorde2. C’est encore ce qui a été figuré dans les deux fils d’Abraham, attendu que l’un d’eux, savoir Ismaël, est né selon la chair, de la servante Agar, et l’autre, Isaac, est né de la femme libre, en exécution de la promesse de Dieu. L’un et l’autre à la vérité sont enfants d’Abraham, mais l’un engendré selon le cours ordinaire des choses, qui marquait la nature, et l’autre donné en vertu de la promesse, qui signifiait la grâce. En l’un paraît l’ordre des choses humaines, et dans l’autre éclate un bienfait particulier de Dieu.