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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

Edition Masquer
De civitate Dei (CCSL)

Caput XII: De sacris falsorum deorum, quae reges Graeciae illis temporibus instituerunt, quae ab exitu Israel ex Aegypto usque ad Iesu Naue obitum dinumerantur.

Per haec tempora, id est ab exitu Israel ex Aegypto usque ad mortem Iesu Naue, per quem populus idem terram promissionis accepit, sacra sunt instituta dis falsis a regibus Graeciae, quae memoriam diluuii et ab eo liberationis hominum uitaeque tunc aerumnosae modo ad alta, modo ad plana migrantium sollemni celebritate reuocarunt. nam et Lupercorum per sacram uiam adscensum atque descensum sic interpretantur, ut ab eis significari dicant homines, qui propter aquae inundationem summa montium petiuerunt et rursus eadem residente ad ima redierunt. his temporibus Dionysum, qui etiam Liber pater dictus est et post mortem deus habitus, uitem ferunt ostendisse in Attica terra hospiti suo. tunc Apollini Delphico instituti sunt ludi musici, ut placaretur ira eius, qua putabant adflictas esse sterilitate Graeciae regiones, quia non defenderint templum eius, quod rex Danaus, cum easdem terras bello inuasisset, incendit. hos autem ludos ut instituerent, oraculo sunt eius admoniti. in Attica uero rex Erichthonius ei ludos primus instituit, nec ei tantum, sed etiam Mineruae, ubi praemium uictoribus oleum ponebatur, quod eius fructus inuentricem Mineruam, sicut uini Liberum tradunt. per eos annos a rege Xantho Cretensium, cuius apud alios aliud nomen inuenimus, rapta perhibetur Europa, et inde geniti Rhadamanthus, Sarpedon et Minos, quos magis ex eadem muliere filios Iouis esse uulgatum est. sed talium deorum cultores illud, quod de rege Cretensium diximus, historicae ueritati, hoc autem, quod de Ioue poetae cantant, theatra concrepant, populi celebrant, uanitati deputant fabularum, ut esset unde ludi fierent placandis numinibus etiam falsis eorum criminibus. his temporibus Hercules in Syria clarus habebatur; sed nimirum alius, non ille, de quo supra locuti sumus. secretiore quippe historia plures fuisse dicuntur et Liberi patres et Hercules. hunc sane Herculem, cuius ingentia duodecim facta numerant, inter quae Antaei Afri necem non commemorant, quod ea res ad alterum Herculem pertinet, in Oeta monte a se ipso incensum produnt suis litteris, cum ea uirtute, qua multa subegerat, morbum tamen, quo languebat, sustinere non posset. illo tempore uel rex uel potius tyrannus Busiris suis dis suos hospites immolabat, quem filium perhibent fuisse Neptuni ex matre Libya, filia Epaphi. uerum non credatur hoc stuprum perpetrasse Neptunus, ne di accusentur; sed poetis et theatris ista tribuantur, ut sit unde placentur. Erichthonii regis Atheniensium, cuius nouissimis annis Iesus Naue mortuus reperitur, Vulcanus et Minerua parentes fuisse dicuntur. sed quoniam Mineruam uirginem uolunt, in amborum contentione Vulcanum commotum effudisse aiunt semen in terram atque inde homini nato ob eam causam tale inditum nomen. Graeca enim lingua ἔρις contentio, χθών terra est, ex quibus duobus conpositum uocabulum est Erichthonius. uerum, quod fatendum est, refellunt et a suis dis repellunt ista doctiores, qui hanc opinionem fabulosam hinc exortam ferunt, quia in templo Vulcani et Mineruae, quod ambo unum habebant Athenis, expositus inuentus est puer dracone inuolutus, qui eum significauit magnum futurum, et propter commune templum, cum essent parentes eius ignoti, Vulcani et Mineruae dictum esse filium. nominis tamen eius originem fabula illa potius quam ista designat historia. sed quid ad nos? hoc in ueracibus libris homines instruat religiosos, illud in fallacibus ludis daemones delectet inpuros; quos tamen illi religiosi tamquam deos colunt, et cum de illis haec negant, ab omni eos crimine purgare non possunt, quoniam ludos eis poscentibus exhibent, ubi turpiter aguntur, quae uelut sapienter negantur, et his falsis ac turpibus di placantur, ubi etsi fabula cantat crimen numinum falsum, delectari tamen falso crimine crimen est uerum.

Traduction Masquer
La cité de dieu

CHAPITRE XII.

DU CULTE DES FAUX DIEUX ÉTABLI PAR LES ROIS DE LA GRÈCE, DEPUIS L’ÉPOQUE DE LA SORTIE D’ÉGYPTE JUSQU’A LA MORT DE JÉSUS NAVÉ.

Durant ce temps, c’est-à-dire depuis que le peuple juif fut sorti d’Egypte jusqu’à la mort de Jésus Navé, les rois de la Grèce instituèrent en l’honneur des faux dieux plusieurs solennités qui rappelaient le souvenir du déluge et de ces temps misérables où les hommes tour à tour gravissaient le sommet des montagnes et descendaient dans les plaines. Telle est l’explication que l’on donne de ces courses fameuses des prêtres Luperques1, montant et descendant tour à tour la Voie sacrée2. C’est en ce temps que Dionysius, qu’on nomme aussi Liber, se trouvant dans l’Attique, apprit, dit-on, à son hôte l’art de planter la vigne, et fut honoré comme un dieu après sa mort. Alors aussi des jeux de musique furent dédiés à Apollon de Deiphes, suivant son ordre, pour l’apaiser, parce qu’on attribuait la stérilité de la Grèce à ce qu’on n’avait pas garanti son temple du feu, lorsque Danaüs fit irruption dans leur pays. Erichthon fut le premier qui institua en Attique des jeux en son honneur et en l’honneur de Minerve. Le prix en était une branche d’olivier, parce que Minerve avait enseigné la culture de cet arbre, comme Bacchus celle de la vigne. Xanthus, roi de Crète, que d’autres nomment autrement3, enleva en ce temps-là Europe, dont il eut Rhadamante, Sarpédon et Minos, que l’on fait communément fils de Jupiter. Mais les adorateurs de ces dieux prennent ce que nous avons rapporté du roi de Crète pour historique, et ce qu’on dit de Jupiter et ce qu’on en représente sur les théâtres comme fabuleux, de sorte qu’il ne faudrait voir dans ces aventures que des fictions dont on se sert pour apaiser les dieux, qui se plaisent à la représentation de leurs faux crimes. C’était aussi alors qu’Hercule florissait à Tyrinthe4, mais un autre Hercule que celui dont nous avons parlé plus haut. Les plus savants dans l’histoire comptent en effet plusieurs Bacchus et plusieurs Hercules. Cet Hercule dont nous parlons, et à qui l’on attribue les douze fameux travaux, n’est pas celui qui tua Antée, mais celui qui se brûla lui-même sur le mont OEta, lorsque cette vertu, qui lui avait fait dompter tant de monstres, succomba sous l’effort d’une légère douleur. C’est vers ce temps que le roi, ou plutôt le tyran Busiris, immolait ses hôtes à ses dieux. Il était fils de Neptune, qui l’avait eu de Lybia, fille d’Epaphus; mais je veux que ce soit une fable inventée pour apaiser les dieux, et que Neptune n’ait pas cette séduction à se reprocher. On dit qu’Erichthon, roi d’Athènes, était fils de Vulcain et de Minerve. Toutefois, comme on veut que Minerve soit vierge, on raconte que Vulcain, la voulant posséder en dépit d’elle, répandit sa semence sur la terre, d’où naquit un enfant qui, à cause de cela, fut nommé Erichthon5. Il est vrai que les plus savants rejettent ce récit et expliquent autrement la naissance d’Erichthon. Ils disent que dans le temple de Vulcain et de Minerve (car il n’y en avait qu’un pour tous deux à Athènes), on trouva un enfant entouré d’un serpent, et que, ne sachant à qui il était, on l’attribua à Vulcain et à Minerve. Sur quoi je trouve que la fable rend mieux raison de la chose que l’histoire. Mais que nous importe? l’histoire est pour l’instruction des hommes religieux, et la fable pour le plaisir des démons impurs, que toutefois ces hommes religieux adorent comme des divinités. Aussi, encore qu’ils ne veuillent pas tout avouer de leurs dieux, ils ne les justifient pas tout à fait, puisque c’est par leur ordre qu’ils célèbrent des jeux où on représente leurs crimes, et que ces dieux, disent-ils, s’apaisent par de telles infamies. Les crimes ont beau être faux, les dieux païens n’en sont guère moins coupables, puisque prendre plaisir à des crimes faux est un crime très-véritable.


  1. Sur les Lupercales et les Luperques, voyez Ovide, Fastes, lib. II, v. 267 et seq. ↩

  2. La Voie sacrée conduisait de l’arc de Fabius au Capitole en passant par le Forum. ↩

  3. Il est nommé Astérius par Apollodore (lib. III, cap. I, secl. 2), Diodore de Sicile (lib. IV, cap. 60) et Eusèbe (p. 286). ↩

  4. Tyrinthe, ville du Péloponèse, près d’Argos. ↩

  5. Erichthon, dit saint Augustin, vient de eris, lutte, et de Xton, terre. ↩

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