Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput XLVI: De ortu saluatoris nostri, secundum quod uerbum caro factum est, et de dispersione Iudaeorum per omnes gentes, sicut fuerat prophetatum.
Regnante ergo Herode in Iudaea, apud Romanos autem iam mutato reipublicae statu imperante Caesare Augusto et per eum orbe pacato natus est Christus secundum praecedentem prophetiam in Bethleem Iudae, homo manifestus ex homine uirgine, deus occultus ex deo patre. sic enim propheta praedixerat: ecce uirgo accipiet in utero et pariet filium, et uocabunt nomen eius Emmanuel, quod est interpretatum: nobis cum deus. qui ut in se commendaret deum, miracula multa fecit, ex quibus quaedam, quantum ad eum praedicandum satis esse uisum est, scriptura euangelica continet. quorum primum est, quod tam mirabiliter natus est; ultimum autem, quod cum suo resuscitato a mortuis corpore adscendit in caelum. Iudaei autem, qui eum occiderunt et in eum credere noluerunt, quia oportebat eum mori et resurgere, uastati infelicius a Romanis funditusque a suo regno, ubi iam eis alienigenae dominabantur, eradicati dispersique per terras, quandoquidem ubique non desunt, per scripturas suas testimonio nobis sunt prophetias nos non finxisse de Christo; quas plurimi eorum considerantes et ante passionem et maxime post eius resurrectionem crediderunt in eum, de quibus praedictum est: si fuerit numerus filiorum Israel sicut harena maris, reliquiae saluae fient. ceteri uero excaecati sunt, de quibus praedictum est: fiat mensa eorum coram ipsis in laqueum et in retributionem et scandalum. obscurentur oculi eorum, ne uideant; et dorsum illorum semper incurua. proinde cum scripturis nostris non credunt, conplentur in eis suae, quas caeci legunt. nisi forte quis dixerit illas prophetias Christianos finxisse de Christo, quae Sibyllae nomine proferuntur uel aliorum, si quae sunt, quae non pertinent ad populum Iudaeorum. nobis quidem illae sufficiunt, quae de nostrorum inimicorum codicibus proferuntur, quos agnoscimus propter hoc testimonium, quod nobis inuiti perhibent eosdem codices habendo atque seruando, per omnes gentes etiam ipsos esse dispersos, quaquauersum Christi ecclesia dilatatur. nam prophetia in psalmis, quos legunt etiam, de hac re praemissa est, ubi scriptum est: deus meus, misericordia eius praeueniet me; deus meus demonstrauit mihi in inimicis meis, ne occideris eos, ne quando obliuiscantur legem tuam; disperge eos in uirtute tua. demonstrauit ergo deus ecclesiae in eius inimicis Iudaeis gratiam misericordiae suae, quoniam, sicut dicit apostolus, delictum illorum salus gentibus; et ideo non eos occidit, id est non in eis perdidit quod sunt Iudaei, quamuis a Romanis fuerint deuicti et obpressi, ne obliti legem dei ad hoc, de quo agimus, testimonium nihil ualerent. ideo parum fuit, ut diceret: ne occideris eos, ne quando obliuiscantur legem tuam, nisi adderet etiam: disperge eos; quoniam si cum isto testimonio scripturarum in sua tantummodo terra, non ubique essent, profecto ecclesia, quae ubique est, eos prophetiarum, quae de Christo praemissae sunt, testes in omnibus gentibus habere non posset.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE XLVI.
NAISSANCE DU SAUVEUR ET DISPERSION DES JUIFS PAR TOUTE LA TERRE.
Hérode régnait en Judée, et l’empereur Auguste avait donné la paix au monde, après que toute la constitution de la république eut été changée, quand le Messie, selon la parole du prophète cité tout à l’heure1 , naquit à Bethléem, ville de Juda: homme visible, né humainement d’une vierge comme homme, Dieu caché, divinement engendré de Dieu le Père. Un autre prophète l’avait prédit en ces termes : « Voici venir le temps qu’une vierge concevra ou enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous2 ». Il fit plusieurs miracles pour rendre sa divinité manifeste, et l’Evangile en rapporte quelques-uns qu’elle croit suffisants pour la prouver. Le premier est celui de sa naissance; le dernier est celui de sa résurrection et de son ascension au ciel. Peu après, les Juifs, qui l’avaient fait mourir et qui n’avaient pas voulu croire en lui, parce qu’il fallait qu’il mourût et qu’il ressuscitât, ont été chassés de leur pays par les Romains et dispersés dans toute la terre. Et ainsi, par leurs propres Ecritures, ils nous rendent ce témoignage, que nous n’avons pas inventé les prophéties qui parlent de Jésus-Christ. Plusieurs même d’entre eux les ayant considérées avant la passion, mais surtout après la résurrection, ont cru en lui, et c’est d’eux qu’il est dit : « Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, les restes seront sauvés3 ». Les autres ont été aveuglés, suivant cette prédiction : « Qu’en récompense, leur table devienne pour eux un piége et une pierre d’achoppement; que leurs yeux soient obscurcis, afin qu’ils ne voient point, et faites que leur dos soit toujours courbé4 ». Ainsi, par cela même qu’ils n’ajoutent point foi à nos Ecritures, les leurs s’accomplissent en eux, encore qu’ils soient assez aveugles pour ne le pas voir. Quelqu’un dira peut-être que les chrétiens ont supposé les prophéties des sibylles touchant Jésus-Christ, ainsi que quelques autres qui ne sont pas d’origine juive; mais, sans nous arrêter à celles-là, nous nous contentons de celles que nos ennemis nous fournissent malgré eux, et dont ils sont eux-mêmes les dépositaires; d’autant mieux que nous y trouvons prédite cette dispersion même dont les Juifs nous fournissent le témoignage éclatant. Chaque jour, ils peuvent lire dans les psaumes cette prophétie : « C’est mon Dieu ; il me préviendra par sa miséricorde, Mon Dieu m’a dit en me parlant de mes ennemis: Ne les tuez pas, de peur qu’ils n’oublient votre loi ; mais dispersez-les par votre puissance5 ». Dieu donc a fait voir sa miséricorde à l’Eglise dans les Juifs ses ennemis, parce que, comme dit l’Apôtre : « Leur crime « est le salut des Gentils6 ». Et il ne les a pas tués, c’est-à-dire qu’il n’a pas entièrement détruit le judaïsme, de peur qu’ayant oublié la loi de Dieu, ils ne nous pussent rendre le témoignage dont nous parlons. Aussi ne s’est-il pas contenté de dire : « Ne les tuez pas, de peur qu’ils n’oublient votre loi » ; mais il ajoute : « Dispersez-les». Si avec ce témoignage des Ecritures ils demeuraient dans leur pays, sans être dispersés partout, l’Eglise, qui est répandue dans le monde entier, ne les pourrait pas avoir de tous côtés pour témoins des prophéties qui regardent Jésus-Christ.