Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput I: Quod, quamuis omni tempore deus iudicet, in hoc tamen libro de nouissimo eius iudicio sit proprie disputandum.
De die ultimi iudicii dei quod ipse donauerit locuturi eumque adserturi aduersus inpios et incredulos tamquam in aedificii fundamento prius ponere testimonia diuina debemus; quibus qui nolunt credere, humanis ratiunculis falsis atque fallacibus contrauenire conantur, ad hoc ut aut aliud significare contendant quod adhibetur testimonium de litteris sacris, aut omnino diuinitus esse dictum negent. nam nullum existimo esse mortalium, qui cum ea, sicut dicta sunt, intellexerit et a summo ac uero deo per animas sanctas dicta esse crediderit, non eis cedat atque consentiat, siue id etiam ore fateatur siue aliquo uitio fateri erubescat aut metuat, uel etiam peruicacia simillima insaniae id, quod falsum esse nouit aut credit, contra id, quod uerum esse nouit aut credit, etiam contentiosissime defendere moliatur. quod ergo in confessione ac professione tenet omnis ecclesia dei ueri Christum de caelo esse uenturum ad uiuos ac mortuos iudicandos, hunc diuini iudicii ultimum diem dicimus, id est nouissimum tempus. nam per quot dies hoc iudicium tendatur, incertum est; sed scripturarum more sanctarum diem poni solere pro tempore nemo, qui illas litteras quamlibet neglegenter legerit, nescit. ideo autem, cum diem iudicii dei dicimus, addimus ultimum uel nouissimum, quia et nunc iudicat et ab humani generis initio iudicauit dimittens de paradiso et a ligno uitae separans primos homines peccati magni perpetratores; immo etiam quando angelis peccantibus non pepercit, quorum princeps homines a se ipso subuersus inuidendo subuertit, procul dubio iudicauit; nec sine illius alto iustoque iudicio et in hoc aerio caelo et in terris et daemonum et hominum miserrima est uita, erroribus aerumnis que plenissima. uerum etsi nemo peccasset, non sine bono rectoque iudicio uniuersam rationalem creaturam perseuerantissime sibi suo domino cohaerentem in aeterna beatitudine retineret. iudicat etiam non solum uniuersaliter de genere daemonum atque hominum, ut miseri sint propter primorum meritum peccatorum, sed etiam de singulorum operibus propriis, quae gerunt arbitrio uoluntatis. nam et daemones ne torqueantur precantur, nec utique iniuste uel parcitur eis uel pro sua quique inprobitate torquentur; et homines plerumque aperte, semper occulte, luunt pro suis factis diuinitus poenas siue in hac uita siue post mortem: quamuis nullus hominum agat recte, nisi diuino adiuuetur auxilio; nullus daemonum aut hominum agat inique, nisi diuino eodemque iustissimo iudicio permittatur. sicut enim ait apostolus, non est iniquitas apud deum; etiam sicut ipse alibi dicit, inscrutabilia sunt iudicia eius et inuestigabiles uiae eius. non igitur in hoc libro de illis primis nec de istis mediis dei iudiciis, sed de ipso nouissimo, quantum ipsi tribuerit, disputabo, quando Christus de caelo uenturus est uiuos iudicaturus et mortuos. iste quippe dies iudicii proprie iam uocatur, eo quod nullus ibi erit inperitae querellae locus, cur iniustus ille sit felix et cur ille iustus infelix. omnium namque tunc nonnisi bonorum uera et plena felicitas et omnium nonnisi malorum digna et summa infelicitas apparebit.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE PREMIER.
ON NE TRAITERA PROPREMENT DANS CE LIVRE QUE DU JUGEMENT DERNIER, BIEN QUE DIEU JUGE EN TOUT TEMPS.
Ayant dessein présentement, avec la grâce de Dieu, de parler du jour du dernier jugement et d’en établir la certitude contre les impies et les incrédules, nous devons d’abord poser comme fondement de notre édifice les témoignages de l’Ecriture. Ceux qui n’y veulent point croire ne leur opposent que des raisonnements humains, pleins d’erreurs et de mensonges, tantôt soutenant que l’Ecriture doit s’entendre dans un autre sens , et tantôt qu’elle n’a point l’autorité de la parole divine. Pour ceux qui l’entendent en son vrai sens et qui croient qu’elle renferme la parole de Dieu, je ne doute point qu’ils n’y donnent leur assentiment, soit qu’ils le déclarent au grand jour, soit qu’ils rougissent ou qu’ils craignent, sous de vains scrupules, d’avouer leur foi, soit même que, par une opiniâtreté qui tient de la folie, ils s’obstinent à nier la vérité de choses qu’ils savent être vraies, la fausseté de choses qu’ils savent être fausses. Ainsi, ce que l’Eglise tout entière du vrai Dieu confesse et professe, à savoir que Jésus-Christ doit venir du ciel pour juger les vivants et les morts, voilà ce que nous appelons le dernier jour du jugement de Dieu, c’est-à-dire le dernier temps. Car combien de jours durera le jugement suprême? cela est incertain; mais personne n’ignore, pour peu qu’il soit versé dans l’Ecriture sainte, que sa coutume est d’employer le mot jour pour celui de temps. Quand donc nous parlons du jour du jugement, nous ajoutons dernier ou suprême, parce que Dieu juge sans cesse et qu’il a jugé dès le commencement du genre humain, quand il a chassé du paradis et séparé de l’arbre de la vie les premiers hommes coupables. Bien plus, on peut dire qu’il a jugé, quand il a refusé son pardon1 aux anges prévaricateurs, dont le prince, vaincu par l’envie, trompa les hommes, après s’être trompé lui-même. Ce n’est pas non plus sans un juste et profond jugement de Dieu que les démons et les hommes mènent une vie si misérable et sujette à tant d’erreurs et de peines, les uns dans l’air, et les autres sur la terre. Mais quand personne n’aurait péché, ce serait encore par un jugement équitable de Dieu que toutes les créatures raisonnables demeureraient éternellement unies à leur Seigneur. Et il ne se contente pas de porter sur tous les démons et sur tous les hommes un jugement général, en ordonnant qu’ils soient misérables à cause du péché du premier ange et du premier homme; il juge encore en particulier les oeuvres que chacun d’eux accomplit en vertu de son libre arbitre. En effet, les démons le prient de ne point les tourmenter, et c’est avec justice qu’il les épargne ou les punit, selon qu’ils l’ont mérité. Lés hommes aussi sont punis de leurs fautes, le plus souvent d’une manière manifeste, et toujours du moins en secret2, soit dans cette vie, soit après la mort, bien qu’aucun ne puisse faire le bien, s’il n’est aidé du ciel, ni faire le mal, si Dieu ne le permet par un jugement très-juste. Car, ainsi que le dit l’Apôtre: « Il n’y a point d’injustice en Dieu3 »; et ailleurs : « Les jugements de Dieu sont impénétrables, et ses voies incompréhensibles4 ». Mais nous ne parlerons dans ce livre ni des jugements que Dieu a rendus dès le principe, ni de ceux qu’il rend dans le présent, mais seulement du dernier jugement, alors que Jésus-Christ viendra du ciel juger les vivants et les morts. C’est bien là le jour suprême du jugement; car alors il n’y aura plus lieu à de vaines plaintes sur le bonheur du méchant ou sur le malheur du juste. Alors, en effet, la félicité véritable et éternelle des seuls justes, et le malheur irrévocable et mérité des seuls méchants seront également manifestes.