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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

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La cité de dieu

CHAPITRE XIV.

DES FONCTIONS DE MERCURE ET DE MARS.

Quant à Mercure et à Mars, ne sachant comment les rapporter à aucune partie du monde ni à aucune opération divine sur les éléments, ils se sont contentés de les faire présider à quelques autres actions humaines et de leur donner puissance sur la parole et sur la guerre. Or, si le pouvoir de Mercure s’étend aussi sur la parole des dieux, il s’ensuit que le roi même des dieux lui est soumis, puisque Jupiter ne peut prendre la parole qu’avec le consentement de Mercure, ce qui est absurde. Dira-t-on qu’il n’est maître que du discours des hommes? mais il est incroyable que Jupiter, qui a pu s’abaisser jusqu’à allaiter non-seulement les enfants, mais encore les bêtes, d’où lui est venu le nom de Ruminus, n’ait pas voulu prendre soin de la parole, laquelle élève l’homme au-dessus des bêtes? Donc Mercure n’est autre que Jupiter. Que si l’on veut identifier Mercure avec la parole (comme font ceux qui dérivent Mercure de medius currens1, parce que la parole court au milieu des hommes; et c’est pourquoi, selon eux, Mercure s’appelle en grec Ermes, parce que la parole ou l’interprétation de la pensée se dit ermeneia2 , d’où vient encore que Mercure préside au commerce, où la parole sert de médiatrice entre les vendeurs et les acheteurs; et si ce dieu a des ailes à la tête et aux pieds, c’est que la parole est un son qui s’envole; et enfin le nom de messager qu’on lui donne vient de ce que la parole est la messagère de nos pensées), tout cela posé, que s’ensuit-il, sinon que Mercure, n’étant autre que le langage, n’est pas vraiment un dieu? Et voilà comment il arrive que les païens, en se faisant des dieux qui ne sont pas même des démons, et en adressant leurs supplications à des esprits immondes, sont sous l’empire, non des dieux, mais des démons. Même conclusion pour ce qui regarde Mars : dans l’impossibilité de lui assigner aucun élément, aucune partie du monde où il pût contribuer à quelque action de la nature, ils en ont fait le dieu de la guerre, laquelle est le triste ouvrage des hommes. D’où il résulte que si la déesse Félicité donnait aux hommes la paix perpétuelle, le dieu Mars n’aurait rien à faire. Veut-on dire que la guerre même fait la réalité de Mars comme la parole fait celle de Mercure? plût au ciel alors que la guerre ne fût pas plus réelle qu’une telle divinité!


  1. Qui court au milieu. Arnobe et Servius dérivent Mercurius de medicurrius. (Voyez Arnobe, Contra Gent., lib. III, p. 112, 113, et Servius, ad Georg., lib. III, V, 302.) ↩

  2. Cette étymologie est une de celles que donne Platon dans le Cratyle (trad. fr., tome XI, page 70.) ↩

Edition Masquer
De civitate Dei (CCSL)

Caput XIV: De Mercurii et Martis officiis.

Mercurium uero et Martem quomodo referrent ad aliquas partes mundi et opera dei, quae sunt in elementis, non inuenerunt, et ideo eos saltem operibus hominum praeposuerunt, sermocinandi et belligerandi administros. quorum Mercurius si sermonis etiam deorum potestatem gerit, ipsi quoque regi deorum dominatur, si secundum eius arbitrium Iuppiter loquitur aut loquendi ab illo accepit facultatem; quod utique absurdum est. si autem illi humani tantum sermonis potestas tributa perhibetur, non est credibile ad lactandos mamma non solum pueros, sed etiam pecora, unde Ruminus cognominatus est, Iouem descendere uoluisse, et curam nostri sermonis, quo pecoribus antecellimus, ad se pertinere noluisse; ac per hoc idem ipse est Iouis atque Mercurius. quodsi sermo ipse dicitur esse Mercurius, sicut ea, quae de illo interpretantur, ostendunt - nam ideo Mercurius quasi medius currens dicitur appellatus, quod sermo currat inter homines medius; ideo ἑρμηνεία Graece, quod sermo uel interpretatio, quae ad sermonem utique pertinet, ἑρμηνεία dicitur; ideo et mercibus praeesse, quia inter uendentes et ementes sermo fit medius; alas eius in capite et pedibus significare uolucrem ferri per aera sermonem; nuntium dictum, quoniam per sermonem omnia cogitata enuntiantur - si ergo Mercurius ipse sermo est, etiam ipsis confitentibus deus non est. sed cum sibi deos faciunt eos, qui nec daemones sunt, inmundis supplicando spiritibus possidentur ab eis, qui non di, sed daemones sunt. item quia nec Marti aliquod elementum uel partem mundi inuenire potuerunt, ubi ageret opera qualiacumque naturae, deum belli esse dixerunt, quod opus est hominum et optabilius non est. si ergo pacem perpetuam Felicitas daret, Mars quid ageret non haberet. si autem ipsum bellum est Mars, sicut sermo Mercurius: utinam quam manifestum est, quod non sit deus, tam non sit et bellum, quod uel falso uocetur deus.

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