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La cité de dieu
CHAPITRE II.
DES DEUX ÉCOLES PHILOSOPHIQUES, L’ÉCOLE ITALIQUE ET L’ÉCOLE IONIENNE, ET DE LEURS CHEFS.
Si l’on consulte les monuments de la langue grecque, qui passe pour la plus belle de toutes les langues des gentils, on trouve deux écoles de philosophie, l’une appelée italique, de cette partie de l’Italie connue sous le nom de grande Grèce, l’autre ionique, du pays qu’on appelle encore aujourd’hui la Grèce. Le chef de l’école italique fut Pythagore de Samos, de qui vient, dit-on, le nom même de philosophie. Avant lui on appelait sages ceux qui paraissaient pratiquer un genre de vie supérieur à celui du vulgaire; mais Pythagore, interrogé sur sa profession, répondit qu’il était philosophe, c’est-à-dire ami de la sagesse, estimant que faire profession d’être sage, c’était une arrogance extrême. Thalès de Muet fut le chef de (156) la secte ionique. On le compte parmi les sept sages, tandis que les six autres ne se distinguèrent que par leur manière de vivre et par quelques préceptes de morale, Thalès s’illustra par l’étude de la nature des choses, et, afin de propager ses recherches, il les écrivit. Ce qui le fit surtout admirer, c’est qu’ayant saisi les lois de l’astronomie, il put prédire les éclipses du soleil et aussi celles de la lune. Il crut néanmoins que l’eau était le principe de toutes choses, des éléments du monde, du monde lui-même et de tout ce qui s’y produit, sans qu’aucune intelligence divine préside à ce grand ouvrage, qui paraît si admirable à quiconque observe l’univers1. Après Thalès vint Anaximandre2, son disciple, qui se forma une autre idée de la nature des choses. Au lieu de faire venir toutes choses d’un seul principe, tel que l’humide de Thalès, il pensa que chaque chose naît de principes propres. Et ces principes, il en admet une quantité infinie, d’où résultent des mondes innombrables et tout ce qui se produit en chacun d’eux; ces mondes se dissolvent et renaissent pour se maintenir pendant une certaine durée, et il n’est pas non plus nécessaire qu’aucune intelligence divine prenne part à ce travail des choses. Anaximandre eut pour disciple et successeur Anaximène, qui ramena toutes les causes des êtres à un seul principe, l’air. Il ne contestait ni ne dissimulait l’existence des dieux; mais, loin de croire qu’ils ont créé l’air, c’est de l’air qu’il les faisait naître. Telle ne fut point la doctrine d’Anaxagore, disciple d’Anaximène; il comprit que le principe de tous ces objets qui frappent nos yeux est dans un esprit divin. Il pensa qu’il existe une matière infinie, composée de particules homogènes, et que de là sortent tous les genres d’êtres, avec la diversité de leurs modes et de leurs espèces, mais tout cela par l’action de l’esprit divin3. Un autre disciple d’Anaximène, Diogène, admit aussi que l’air est la matière où se forment toutes choses, l’air lui-même étant animé par une raison divine, sans laquelle rien n’en pourrait sortir. Anaxagore eut pour successeur son disciple Archélaüs, lequel soutint, à son exemple, que les éléments constitutifs de l’univers sont des particules homogènes d’où proviennent tous les êtres particuliers par l’action d’une intelligence partout présente, qui, unissant et séparant les corps éternels, je veux dire ces particules, est le principe de tous les phénomènes naturels. On assure qu’Archélaüs eut pour disciple Socrate4, qui fut le maître de Platon, et c’est pourquoi je suis rapidement remonté jusqu’à ces antiques origines.
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Cette exposition du système de Thalès est parfaitement conforme à celle d’Aristote en sa Métaphysique, livre I, ch. 3. ↩
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Ici saint Augustin expose autrement qu’Aristote la suite et l’enchaînement des systèmes de l’école ionique. Au premier livre de la Métaphysique, Aristote réunit étroitement Thalès, Anaximène et Diogène, comme ayant enseigné des systèmes analogues; mais il ne parle pas d’Anaximandre. Réparant cet oubli au livre XII, ch. 2, il rapproche ce philosophe, non de Thalès et d’Anaximène, mais d’Anaxagore et de Démocrite, dont les théories physiques présentent en effet une ressemblance notable avec celles d’Anaximandre. Comp. Aristote, Phys. Ausc., III, 4. Voyez aussi Ritter, Hist. De la philisophie ancienne, tome I, Livre III, chap. 7. ↩
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Voyez, sur Anaxagore, les grands passages de Platon (Phédon, trad. franç., tome I, p. 273 et suiv.) et d’Aristote (Métaph., livre I, ch. 3.) ↩
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Camp. Diogène Laërce, I, 14; II,19 et 23. ↩
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Zweiundzwanzig Bücher über den Gottesstaat (BKV)
2. Die italische und die jonische Philosophie und ihre Gründer.
Band 1, S. 388Soweit die Literatur der Griechen in Betracht kommt, Geisteserzeugnisse, die als die berühmtesten unter allen Völkerliteraturen gelten, so sind uns da zwei Richtungen in der Philosophie überliefert, die italische, herstammend aus dem Teil Italiens, der einmal Großgriechenland genannt wurde1, und die jonische in jenen Gebieten, die auch heute noch als Griechenland bezeichnet werden. Die italische Schule hat zum Begründer Pythagoras aus Samos, der auch den Namen Philosophie aufgebracht haben soll. Während man nämlich vorher die, die sich vor andern durch eine anerkennenswerte Lebensführung hervortaten, als Weise bezeichnete, erwiderte er auf die Frage, was er für einen Lebensberuf habe, er sei Philosoph d. h. Weisheitsbeflissener oder Liebhaber der Weisheit, da es als eine große Anmaßung herausgekommen wäre, sich als Weiser von Beruf zu bezeichnen. Das Haupt der jonischen Schule aber war Thales von Milet, einer von den sogenannten sieben Weisen. Indes die übrigen sechs unterschieden sich nur in der Art der Lebensführung und in gewissen praktischen Vorschriften über einen guten Wandel; Thales dagegen, dem es am Herzen lag, eine Nachfolgerschaft heranzubilden, hat überdies die Natur der Dinge erforscht und seine Anschauungen schriftlich niedergelegt und ist namentlich deshalb angestaunt worden, weil er durch Erfassung der astrologischen Regeln sogar den Eintritt von Sonnen- und Mondesfinsternissen vorhersagen konnte. Übrigens hielt er das Wasser für den Urgrund der Dinge und läßt aus ihm alle Elemente der Welt und die Welt selbst samt allem, was darin gezeugt wird, entstehen. Über diesem Werk der Welt aber, das dem Betrachtenden so wunderbar vor Augen steht, läßt er keine Spur göttlichen Geistes walten. Ihm folgte Anaximander, ein Schüler von ihm, und er stellte eine andere Ansicht über das Wesen der Dinge auf. Seine Meinung geht dahin, daß nicht aus einem einzigen Wesen, nicht aus der Feuchtigkeit allein, wie Thales gelehrt Band 1, S. 389hatte, sondern aus seinen eigenen Prinzipien jegliches Ding hervorgehe. Die Prinzipien der einzelnen Dinge aber hielt er für unendlich, sie erzeugen nach ihm unzählige Welten und alles, was darin entsteht, und diese Welten vergehen und entstehen wiederum zu so langer Dauer, als eben die einzelne zu beharren vermag; dem Geiste Gottes teilt er auch keinerlei Wirksamkeit zu bei dieser Entwicklung der Dinge. Er hinterließ als Schüler und Nachfolger den Anaximenes, der alle Ursachen der Dinge in der unendlichen Luft erblickte und dabei die Existenz von Göttern weder in Abrede gestellt hat noch mit Stillschweigen über diese Frage hinweggegangen ist; aber er läßt nicht die Luft von ihnen erschaffen, sondern sie aus der Luft entstanden sein. Anaxagoras dagegen, der bei ihm gehört hatte, hielt für den Bewirker aller Dinge, die wir sehen, den göttlichen Geist und sprach sich dahin aus, daß aus dem unendlichen Stoff, der aus den unter sich gleichartigen Teilchen aller Dinge bestehe, das Einzelne werde durch die ihm eigenen Teilchen2, jedoch durch die wirkende Kraft des göttlichen Geistes. Diogenes3, der andere Schüler des Anaximenes, bezeichnete wieder die Luft als den Stoff der Dinge, aus dem alles werde, jedoch so, daß er der Luft göttliche Vernunft zuschreibt, ohne die aus ihr nichts werden könne. In des Anaxagoras Spuren trat dessen Zuhörer Archelaus, Er läßt, wie Anaxagoras, alles aus unter sich gleichartigen Teilchen bestehen, durch die jedes Einzelding entstehe, mit der Maßgabe, daß er ihnen, wie Diogenes, den Geist innewohnen läßt, der durch Verbindung und Trennung der ewigen Körper d. h. jener Teilchen alles bewirke. Als sein Schüler wird Sokrates genannt, der Lehrmeister Platos, um des willen ich kurz auf diese Lehrentwicklung eingegangen bin.