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La cité de dieu

CHAPITRE XIV.

SI LES HOMMES, EN TANT QUE MORTELS, PEUVENT ÊTRE HEUREUX.

C’est une grande question parmi les hommes que celle-ci: l’homme peut-il être mortel et bienheureux? Quelques-uns, considérant humblement notre condition, ont nié que l’homme fût capable de béatitude tant qu’il est dans les liens de la vie mortelle; d’autres ont exalté à tel point la nature humaine, qu’ils ont osé dire que les sages, même en cette vie, peuvent posséder le parfait bonheur. Si ces derniers ont raison, pourquoi ne pas dire que les sages sont les vrais intermédiaires entre les mortels misérables et les bienheureux immortels, puisqu’ils partagent avec ceux-là l’existence mortelle et avec ceux-ci la béatitude ? Or, s’ils sont bienheureux, ils ne portent d’envie à personne; car, quoi de plus misérable que l’envie? Ils veillent donc sur les misérables mortels, afin de les aider de tout leur pouvoir à acquérir la béatitude et à posséder après la mort une vie immortelle dans la société des anges immortels et bienheureux.

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The City of God

Chapter 14.--Whether Men, Though Mortal, Can Enjoy True Blessedness.

It is a great question among men, whether man can be mortal and blessed. Some, taking the humbler view of his condition, have denied that he is capable of blessedness so long as he continues in this mortal life; others, again, have spurned this idea, and have been bold enough to maintain that, even though mortal, men may be blessed by attaining wisdom. But if this be the case, why are not these wise men constituted mediators between miserable mortals and the blessed immortals, since they have blessedness in common with the latter, and mortality in common with the former? Certainly, if they are blessed, they envy no one (for what more miserable than envy?), but seek with all their might to help miserable mortals on to blessedness, so that after death they may become immortal, and be associated with the blessed and immortal angels.