Traduction
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La cité de dieu
CHAPITRE XVI.
SI LES DIEUX AVAIENT EU LE MOINDRE SOUCI DE FAIRE RÉGNER LA JUSTICE, ILS AURAIENT DONNÉ AUX ROMAINS DES PRÉCEPTES ET DES LOIS, AU LIEU DE LES LEUR LAISSER EMPRUNTER AUX NATIONS ÉTRANGÈRES.
Si les Romains avaient pu recevoir des lois de leurs dieux, auraient-ils emprunté aux Athéniens celles de Solon, quelques années1 après la fondation de Rome? Et encore ne les observèrent-ils pas telles qu’ils les avaient reçues, mais ils s’efforcèrent de les rendre meilleures. Je sais que Lycurgue avait feint d’avoir reçu les siennes d’Apollon, pour leur donner plus d’autorité sur l’esprit des Spartiates2; mais les Romains eurent la sagesse de n’en rien croire et de ne point puiser à cette source. On rapporte à Numa Pompilius, successeur de Romulus, l’établissement de plusieurs lois, parmi lesquelles un certain nombre qui réglaient beaucoup de choses religieuses; mais ces lois étaient loin de suffire à la conduite de l’Etat, et d’ailleurs on ne dit pas que Numa les eût reçues des dieux. Ainsi donc, pour ce qui regarde les maux de l’âme, les maux de la conduite humaine, les maux qui corrompent les moeurs, maux si graves que les plus éclairés parmi les païens ne croient pas qu’un Etat y puisse résister, même quand les villes restent debout3, pour tous les maux de ce genre, les dieux n’ont pris aucun souci d’en préserver leurs adorateurs ; bien au contraire , comme nous l’avons établi plus haut, ils ont tout fait pour les aggraver.
Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput XVI: Quod, si dis ulla esset cura iustitiae, ab eis Romani accipere debuerint praecepta uiuendi potius quam leges ab aliis hominibus mutuari.
Si autem a dis suis Romani uiuendi leges accipere potuissent, non aliquot annos post Romam conditam ab Atheniensibus mutuarentur leges Solonis, quas tamen non ut acceperunt tenuerunt, sed meliores et emendatiores facere conati sunt, quamuis Lycurgus Lacedaemoniis leges ex Apollinis auctoritate se instituisse confinxerit, quod prudenter Romani credere noluerunt, propterea non inde acceperunt. Numa Pompilius, qui Romulo successit in regnum, quasdam leges, quae quidem regendae ciuitati nequaquam sufficerent, condidisse fertur, qui eis multa etiam sacra constituit; non tamen perhibetur easdem leges a numinibus accepisse. mala igitur animi, mala uitae, mala morum, quae ita magna sunt, ut his doctissimi eorum uiri etiam stantibus urbibus respublicas perire confirment, di eorum, ne suis cultoribus acciderent, minime curarunt immo uero ut augerentur, sicut supra disputatum est, omni modo curarunt.